mercredi 19 juin 2019

Prépa bac : Ecriture de soi, écriture de l'autre


« Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre : ce n'est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain. Adieu donc » Voilà comment Montaigne établit son pacte avec le lecteur dans ses Essais, I, 31.
Certains écrivains ont essayé de répondre à la question essentielle de la connaissance de l’homme à travers la description de soi. Au XVIe siècle, Montaigne, dans Les Essais, tente de se dépeindre, pour se comprendre. L'autoportrait prend une valeur argumentative en se tournant vers une réflexion théorique à partir de l'observation de soi-même. Montaigne affirme ainsi « Je ne peins pas l'homme, je peins le passage », pour lui, l'homme n'est pas une unité donnée une fois pour toutes mais un être en changement permanent.
Se connaître, c’est aussi connaitre l’autre. Mais il note que l’égoïsme pousse certains à exclure l’autre, qui est pourtant notre semblable. Il résume cet égoïsme ainsi : « Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage. »
Jean-Jacques Rousseau, au XVIIIe siècle, donnera à la littérature française la première autobiographie au sens strict du terme : mais Les Confessions offrent de nombreux passages dans lesquels le récit de sa propre vie et la réflexion sur l'identité se mêlent inextricablement.
Dans la préambule des Confessions, il note « Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi. »

L’écriture de soi est une allusion à l’autre, c’est l’altérité.
Au XVIIe siècle, Pascal pose ainsi la question « Qu'est-ce que le moi ? » dans Les Pensées, et il affirme  que ce « moi » n'est réductible ni au corps, ni à la raison, ni aux émotions.
Pascal affirme « Le moi est haïssable. » qu’il explique ainsi ensuite « En un mot le moi a deux qualités: il est injuste en soi, en ce qu’il se fait centre de tout; il est incommode aux autres, en ce qu’il les veut asservir, car chaque moi est l’ennemi et voudrait être le tyran de tous les autres. »
La Rochefoucauld ou La Bruyère, toujours au XVIIe siècle, livrent respectivement dans les Maximes et dans les Caractères une série de descriptions, parfois critiques, qui permettent de saisir un individu à partir de ce qu'il montre ou de ce qu'il croit être. Ces moralistes cherchent donc à pénétrer la vérité psychologique d'un homme, au-delà des apparences. Ils décortiquent nos motivations, et débusquent l'hypocrisie ou l'intérêt qui nous guident.
La piété humaine anéantit le moi humain « Le moi est haïssable » Pascal
« Je est un autre » Rimbaud. Il s’agit déjà d’une conception développée par Victor Hugo pour répondre à ceux qui se plaignent des écrivains qui se disent moi : « Ah ! Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? »

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