mardi 28 juin 2022

Fiche 4 : poésie du quotidien à l'évasion

Souvent opposées, la poésie du quotidien et celle de l'évasion s'éclairent mutuellement. L'observation du quotidien trivial déclenche un désir d'évasion, le favorise.

Pour la poésie du quotidien :

- elle montre la réalité triviale

- elle réhabilite les choses, elle les anoblit, leur donne une seconde vie

- elle transforme la vision du lecteur

- elle explique la réalité

- elle dévoile le mystère, elle éclaire le quotidien

Pour la poésie de l'évasion :

- elle ouvre un univers parallèle

- elle satisfait des fantasmes

- elle permet de réaliser un amour platonique, idyllique

- elle exerce l'imagination

- elle éloigne des soucis du quotidien

- elle suscite le bonheur, l'extase

lundi 27 juin 2022

Fiche 3 : poésie esthétique

La poésie n'a pas d'autre but que celui d'un jeu visuel et auditif. Le poète construit des images, des sonorités simplement pour l'innovation et la beauté de celle-ci. A associer à la rêverie, au plaisir. A associer à la poésie descriptive, figurative, picturale.

- elle se fonde sur un travail sur le langage

- elle joue avec le langage (syntaxe, mots, sonorités)

- elle privilégie la musicalité

- elle est descriptive, donc ornementale

- elle est gratuite, refuse tout engagement, tout lyrisme personnel

- elle évoque des événements éloignés de l'époque contemporaine

- elle vise l'immortalité, et veut immortaliser son sujet ou son objet

dimanche 26 juin 2022

Fiche 2 : poésie engagée

La poésie est dite engagée quand le poète place un discours argumentatif dans son œuvre. Cet argument peut être soit direct, soit indirect. Le poète invente des images qui montrent l’au-delà du concret, qui transforment la réalité. A associer à la didactique.

- elle appelle à la révolte, elle exhorte à l'action

- elle sert dans la lutte pour la liberté

- elle dénonce une attitude

- le poète partage le sort, la douleur des victimes, des opprimés ; il s'indigne

- elle suscite l'espoir, elle encourage

- elle rappelle à la mémoire

- le poète est porte parole

- le poète est un guide, un visionnaire

samedi 25 juin 2022

Fiche 1 : poésie lyrique

La poésie lyrique est un genre de poésie qui développe les sentiments du poète. Elle a pour caractéristiques l'omniprésence du « je » ou du « tu ». Les poèmes lyriques ont parfois une dimension autobiographique. Le poète y déplore souvent un objet perdu. A associer à la thérapie.

- elle exalte, voire célèbre un sentiment

- elle cherche la compassion, la compréhension du lecteur

- elle est un lieu de confidence

- elle permet de surmonter une douleur

- elle aide à raviver un souvenir

- elle adoucit l'angoisse, l'inquiétude

- elle invite au partage d'expériences

- elle est une  thérapie, un exutoire

- elle traduit la condition humaine

vendredi 24 juin 2022

L'argumentation

Un paragraphe argumentatif peut-il débuter par un exemple ?

Bien sûr ! On peut bien partir d'un exemple pour bâtir ensuite une argumentation et conclure le paragraphe par une idée.


Un exemple


Le conte délivre une leçon de morale, et notamment sur les questions sociales. Prenons l’exemple dans Les nouveaux contes d’Ahmadou Coumba de Birago Diop. Le conte  « La cuiller sale » met en scène une orpheline Binta, face à la méchanceté de sa belle mère. La tyrannie de la marâtre nous oblige à nous interroger sur le pouvoir de la seconde épouse dans le foyer. Elle met à mal tous les égards qu’une communauté fondée sur la solidarité doit à ces enfants faibles. Le conte ouvre donc les yeux des individus sur les maux qui menacent insidieusement la stabilité de la société.

mardi 21 juin 2022

La littérature et …

La littérature et l'histoire

On connaît avec des écrivains comme Hugo et Alexandre Dumas le roman historique. Mais il ne s'agit nullement de raconter l'histoire, mais de prendre des libertés avec celle-ci pour agrémenter le récit. Dumas affirmera d'ailleurs "le romancier a le droit de violer l'histoire si c'est pour lui faire de beaux enfants"

L'oeuvre littéraire peut aussi apporter des informations aux historiens. On sait beaucoup de choses sur les us et coutumes d'un peuple par l'intermédiaire des contes, légendes et autres formes littéraires. 

Balzac racontait "l'histoire des mœurs", celles oubliées par les historiens, écrit-il.


La littérature et les médias


Les médias de façon générale sont des alliés de la littérature. D'ailleurs, beaucoup de romans furent publiés en feuilleton dans des journaux, surtout au 19ème siècle. Ensuite, ils permettent de faire la promotion de l'œuvre et de son auteur.

Aujourd'hui, les réseaux sociaux fournissent de nouvelles voies à la littérature. 

On assiste à une démocratisation de la littérature, car grâce aux réseaux sociaux tout le monde peut avoir accès à la littérature. La publication numérique donne également un plus large public aux œuvres littéraires ; le prix même est diminué fortement : on fait une commande, et on a ipso facto le livre devant les yeux. 

Et même, on parle de plus en plus de twittérature, c'est-à-dire une écriture de textes littéraires très dense et imagée car il ne faut pas dépasser 140 caractères à cause de la restriction du réseau social twitter. Il peut nécessiter parfois une écriture participative, du coup l'écriture est rendue accessible.


La littérature et les sciences


La science a fasciné depuis toujours les littéraires. Les sciences naturelles ont permis à Zola d'écrire des chefs-d'œuvres romanesques, partant des lois de l'hérédité.

Ils ont aussi écrit contre les dérives de la science lorsqu'elle est déifiée, comme chez les scientistes. A lire Balzac, A la recherche de l'absolu, et Zola Le docteur Pascal.

Le roman de fiction aussi propose des objets futuristes qui inspirent les scientifiques dans leur recherche. 


La littérature et le 7ème art ou cinéma


Le roman d'abord est souvent en amont du cinéma. Beaucoup d'histoires romanesques ont été portées à l'écran. 

L'image vivante renouvelle ainsi l'histoire inventée, réinterprète l'intrigue et lui offre une seconde vie. 

Le cinéma participe donc à rendre plus accessible la compréhension de la trame narrative. Par exemple, un personnage vu à l'écran est plus facile à comprendre qu'un personnage décrit dans un roman.

L'adaptation cinématographique élargit le public du roman, c'est-à-dire dire que le cinéma permet à des non lecteurs d'accéder à l'histoire racontée dans un roman.

D'ailleurs, avec l'invention du cinéma, un auteur comme Zola va s'approprier les techniques de prise de vue panoramique pour peindre par exemple le lieu qui doit accueillir le héros. Cette technique lui permettait de mettre le lecteur dans la situation du spectateur de film.

En 1966, Claude Simon, répondant à une enquête des Cahiers du cinéma, déclarait :

"comme pour tous, le cinéma a enrichi la vision que nous avons des choses (angles et distances de « prise de vue », panoramiques, plans fixes, travellings, gros plans). Et naturellement, cette nouvelle façon de voir se retrouve dans ce que j’écris."

Mais la réadaptation peut ne pas mettre en valeur le texte, et par conséquent dénaturé l'histoire romancée.

L'écrivain sénégalais Ousmane Sembène a d'ailleurs porté la plupart de ces romans à l'écran dans un contexte où le public cible de ses œuvres se heurtaient à la barrière de la langue française pour recevoir le message qui lui était destiné. Les films Guelwaar, le mandat sont devenus des classiques du cinéma africain, pourtant à l'origine il y a l'histoire romancée.

Le cinéma a toujours besoin d'un script, fil d'Ariane qui guide le cinéaste. C'est le cinéma qui offre de ce fait un second support au récit. Le roman de l'anglais J. K. Rowling Harry Potter n'aurait jamais le succès qu'il a eu sans son adaptation en une série de films. Une version même théâtrale a été proposée par la suite, Harry Potter et l'Enfant maudit.

dimanche 19 juin 2022

Exemplifier le roman par une citation

Exemple d'illustration 1

Dans Le Romancier et ses personnages, François Mauriac écrit que les héros de roman "ont toujours une signification, leur destinée comporte une leçon, une morale s'en dégage." Ce qui signifie que le personnage de roman doit incarner une valeur morale.


Exemple d'illustration 2

Romain Rolland dans Une nouvelle littérature affirme : "on ne lit jamais un livre ; on se lit à travers les livres, soit pour se découvrir, soit pour se contrôler." Autrement dit, la lecture de roman par exemple devrait permettre au lecteur de mieux se connaître.


Exemple d'illustration 3


L'étranger d'Albert Camus est à ce titre très révélateur de la volonté du romancier à faire réfléchir le lecteur sur la valeur de la vérité des sentiments. Quand Marie demande à Meursault s'il l'aime, celui-ci répond "Je ne sais pas", pour ne pas mentir sur ce qu'il ressent vraiment. 


Exemple d'illustration 4


Nicolas Boileau, poète français du XVII° siècle, a écrit : « Dans un roman frivole aisément tout s’excuse / C’est assez qu’en courant la fiction amuse » Le roman ne serait donc qu’un divertissement superficiel ? Qu’un genre puéril, créé pour notre seul plaisir ? Boileau affirme lui pardonner sa futilité prétextant sa seule fonction d’amusement et de distraction.

Le crime du L'Orient -Express de Agatha Christie (extrait)

Un crime a été commis dans le l’Orient-Express sur le trajet Stambul-Calais. Cependant, le train est bloqué par la neige. Par hasard, le fameux détective Hercule Poirot se trouvait sur la ligne. M. Bouc, chef de la ligne charge M. Poirot de l’enquête.   

« Quand donc a eu lieu le crime ? Et qui est l’assassin ?

« Selon moi – et je n’avance ici qu’une opinion personnelle, - le crime a été commis vers deux heures, heure extrême indiquée par le docteur Constantine.

« Qui a tué Ratchett ?...

Poirot fit une pause et considéra ses auditeurs. Il n’aurait pu se plaindre de leur manque d’attention. Tous les regards étaient braqués sur lui. Pendant un moment, le silence fut absolu.

Poirot continua d’une voix lente :

- Je fus surpris de la difficulté que j’éprouvais à rejeter l’entière culpabilité sur l’un quelconque des voyageurs, alors que, bizarre coïncidence, l’alibi de chacun se trouvait confirmé par le personnage qui, à mon avis, paraissait le moins qualifié. Ainsi, Mr. MacQueen et le colonel Arbuthnot ont, l’un pour l’autre, fourni de solides témoignages… Or, ces deux hommes me semblaient peu faits pour lier conversation entre eux au cours d’un voyage. De même, le valet de chambre anglais et l’Italien, la demoiselle suédoise et la jeune anglaise.

« Soudain, une grande clarté se fit en moi. Tous étaient coupables. Que tant de gens, mêlés au drame de la famille Armstrong, voyagent dans le même train, ne pouvait être l’effet du hasard. Tout cela avait été concerté longtemps à l’avance. Je me remémorai une remarque du colonel au sujet de la sentence prononcée par un jury. Un jury se compose de douze membres… et Ratchett avait été frappé de douze coups. Cette fois, la réunion de personnages de tous rangs et de toutes nationalités dans le Stamboul-Calais, à une saison où le train habituellement est presque vide, s’expliquait.

« Si Ratchett avait échappé à la justice américaine, sa culpabilité ne faisait pas l’ombre d’un doute. J’imagine alors un jury de douze membres qui le condamnent à mort et se voient obligés de se transformer en exécuteurs pour appliquer la sentence. Sous cet angle, tout le mystère s’éclaircit.

« Un rôle nettement déterminé est assigné à chacun des voyageurs. Tout est prévue dans le moindre détail et sans risque aucun. Si le soupçon pèse sur l’un des membres de cette association de justiciers, les autres l’innocentent par leur témoignage et embrouillent les recherches. D’autre part, la prétendue surveillance de Hardman empêche que l’on accuse injustement quiconque du dehors.                (Agatha Christie, Le Crime du l’Orient-Express, 1934.)

samedi 18 juin 2022

Fiche 4 : roman didactique

Le romancier propose un roman d'éducation lorsqu'il veut que le lecteur acquiert une sagesse de vie à travers les expériences des personnages. Le lecteur suit les pérégrinations - déplacements, parcours - du héros dans son apprentissage du monde et en tire les leçons.

Le roman propose un parcours parsemé d’obstacles

  • Fait découvrir des leçons, des conseils

  • Le personnage nous ouvre les yeux sur la réalité, fait découvrir la vérité

  • propose des voies et moyens au lecteur pour éviter les pièges de la vie réelle

  • apprendre des connaissances d'autres disciplines

  • éduquer l'homme à ...

Lexique : enseigner, instruire, éduquer, former, apprendre, faire comprendre, conseiller, expliquer, guider, pédagogique, didactique, savoir, connaissance, sagesse, leçon, découvrir, expérience, exemplum, école, scolaire, morale, vertu, vices, règles, cours.

Moby Dick d'Herman Melville (extrait)

Le curieux aventurier et amoureux des océans Ismaël embarque à bord du Péquod, un baleinier, dont le capitaine est Achab. Celui-ci est obsédé par Moby Dick une terrifiante baleine blanche qui lui avait amputé une jambe. Il sillonne toutes les mers de la terre à la recherche du fameux monstre. Le lecteur va suivre entre l'homme et la bête une lutte acharnée. 

Dans ce chapitre XIX intitulé "Le prophète" que je vous fais découvrir vous apprécierez le talent du narrateur qui vous installe, à la manière des contes, dans l'expectative.



« Matelots, vous êtes-vous enrôlés sur ce navire ? »

Queequeg et moi venions tout juste de quitter le Péquod, nous éloignant nonchalamment du quai, absorbés chacun dans nos propres pensées, lorsqu’un étranger nous adressa en ces mots la parole en montrant d’un index massif le bateau en question. Il était misérablement vêtu d’un veston passé, de pantalons rapiécés, et d’un lambeau de mouchoir noir autour du cou. Une petite vérole confluente avait inondé son visage et l’avait abandonné, tel le lit d’un torrent d’où les eaux ruisselantes se sont retirées, couturé de nervures compliquées.

– Êtes-vous enrôlés à ce bord ? répéta-t-il.

– Vous entendez le Péquod, je présume ? dis-je en essayant de gagner du temps pour scruter sa physionomie.

– Oui, le Péquod, ce navire-là, dit-il, ramenant son bras en arrière et le détendant brusquement devant lui, armé de la baïonnette de son index pointée au cœur dudit objet.

– Oui, dis-je, nous venons de signer le rôle. 

– Pas de clause concernant vos âmes ?

– Concernant quoi ?

– Oh ! peut-être que vous n’en avez pas, ajouta-t-il vivement. Aucune importance, je connais beaucoup de gars qui n’en ont pas… grand bien leur fasse et ils s’en sentent d’autant mieux. Une âme, c’est quelque chose comme la cinquième roue d’un char.

– Que radotez-vous, camarade ? dis-je.

– Lui, du moins, il en a assez pour suppléer à toutes les déficiences de cet ordre des autres gars, dit brusquement l’étranger, soulignant avec émotion le mot « lui ».

– Queequeg, dis-je, allons-y, ce personnage est un échappé de quelque part, il parle de quelque chose et de quelqu’un que nous ne connaissons pas.

– Un moment ! s’écria l’étranger. Vous dites vrai, vous n’avez pas encore vu le vieux Tonnerre, n’est-ce pas ?

– Qui est le vieux Tonnerre ? demandai-je subjugué encore par la conviction et la démence de ses manières.

– Le capitaine Achab.

– Comment ! le capitaine de notre navire, du Péquod ?

– Oui, quelques vieux marins d’entre nous l’appellent ainsi. Vous ne l’avez pas encore vu ?

– Non. Il est malade, à ce qu’ils disent, mais il se remet et sera tout à fait bien sous peu.

– Tout à fait bien sous peu ! s’esclaffa l’étranger avec un rire à la fois ironique et solennel. Écoutez-moi bien ! lorsque le capitaine Achab ira bien, alors mon bras gauche aussi. Pas avant.

– Que savez-vous de lui ?

– Que vous ont-ils raconté à son sujet ? Dites…

– Ils ne m’ont pas dit grand-chose sous aucun rapport à son sujet, j’ai seulement entendu dire qu’il était un excellent chasseur de baleines et un bon capitaine pour son équipage.

– C’est vrai, c’est vrai – oui, ces deux choses sont également vraies. Mais il s’agit de bondir lorsqu’il donne un ordre. Marche et grogne, grogne et marche, telle est la formule du capitaine Achab. Mais on ne vous a rien dit de ce qui lui était arrivé au large du cap Horn, voici longtemps, et comment il resta comme mort pendant trois jours et trois nuits ; rien non plus de cette lutte à mort menée devant

l’autel avec l’Espagnol à Santa ? Vous n’avez rien entendu de tout cela, n’est-ce pas ? Rien non plus au sujet de la calebasse d’argent dans laquelle il a craché ? Rien encore de la perte de sa jambe conformément à la prophétie ?

Avez-vous entendu dire quoi que ce soit de ces choses et de bien d’autres encore ? Non, je le pensais bien, comment les auriez-vous apprises ? Qui le sait ? Pas une âme à Nantucket, j’imagine. Peut-être pourtant avez-vous entendu parler de sa jambe et de la manière dont il l’a perdue ? Oui, vous en avez entendu parler, j’oserais l’affirmer. Oh ! oui, ça, tout le monde le sait – je veux dire que tout le monde sait qu’il n’a qu’une jambe et qu’un cachalot lui a arraché l’autre.

– Mon ami, dis-je, je ne sais pas à quoi rime tout votre charabia et je m’en soucie peu du reste, car il me semble que vous devez avoir le cerveau légèrement atteint. Mais si vous parlez du capitaine Achab, de ce navire-là, le Péquod, alors laissez-moi vous dire que je sais tout au sujet de la perte de sa jambe.

– Tout, hein ? Êtes-vous sûr de tout savoir ? Vraiment tout ?

– Joliment sûr.

L’index toujours pointé, les yeux levés vers le Péquod, l’étranger loqueteux sombra un moment dans une inquiète rêverie ; puis il se tourna en tressaillant et ajouta : « Vous vous êtes enrôlés, alors c’est vrai ? Vos noms figurent sur le rôle ? Eh bien ! Eh bien ! ce qui est signé est signé. Ce qui doit être sera. Et encore cela ne sera peut-être pas après tout… De toute façon tout est écrit, prévu et j’imagine qu’il faut bien qu’il y ait des marins pour partir avec lui, autant vous que d’autres, que Dieu les ait en pitié ! Bien le bonjour à vous, camarades, bien le bonjour. Que l’Ineffable vous bénisse ; je m’excuse de vous avoir retardés.

– Écoutez un peu, ami, dis-je, si vous avez quoi que ce soit d’important à nous dire, sortez-le ! Mais si vous essayez de nous embobiner, alors vous perdez votre temps, je n’ai rien à ajouter !

– Et c’est très bien dit, j’aime entendre des gars s’exprimer de cette manière-là ; vous êtes exactement les hommes qu’il lui faut… vous et vos pareils. Bien le bonjour, camarades, bien le bonjour ! Oh ! quand vous y serez, dites-leur bien que j’ai décidé de ne pas être des leurs…

– Ah ! mon vieux, vous ne pouvez pas nous berner de la sorte… vous ne pouvez pas nous duper ! Il n’y a rien au monde de plus facile à un homme que de faire croire qu’il détient un grand secret.

– Bien le bonjour, camarades, bonjour…

– Et c’est le jour en effet, dis-je, venez Queequeg, quittons cet homme fou à lier. Mais un instant, dites-moi comment vous vous appelez, voulez-vous ?

– Élie.

– Élie ! pensai-je. Et nous partîmes, commentant, chacun à notre façon, les propos de ce vieux marin en haillons, nous tombâmes d’accord pour trouver que c’était un donneur d’eau bénite jouant au loup-garou. Mais nous n’avions pas fait cent mètres que, venant à passer l’angle de rue et à me retourner, je vis Élie nous suivant, bien qu’à une certaine distance. Pour je ne sais quelle raison cela me frappa à tel point que je n’en informai pas Queequeg, mais allai de l’avant avec lui, soucieux de savoir si l’étranger allait prendre la même rue que nous. C’est ce qu’il fit. Il me sembla alors qu’il nous surveillait mais, sur ma vie, je ne pus deviner son intention. Ce fait, venant se greffer sur son discours voilé, ambigu, à demi allusif, à demi révélateur, engendrait à présent en moi toutes sortes de vagues points d’interrogation, de demi-appréhensions,

tout cela lié avec le Péquod, le capitaine Achab, cette jambe qu’il avait perdue, cet accès qu’il avait eu au cap Horn, la calebasse d’argent, et ce que le capitaine Peleg m’en avait dit, lorsque j’avais quitté le navire la veille, et les prédictions de Tistig, la squaw, et ce voyage pour lequel nous nous étions liés, et cent autres choses sous le signe de l’ombre.

Que cet Élie déguenillé nous épiât ou non, j’étais décidé à en avoir le cœur net, et dans cette intention je traversai la rue avec Queequeg et rebroussai chemin. Mais Élie passa sans paraître nous voir, je me sentis soulagé. Et

une fois de plus, et définitivement, du moins je le crus, je le taxai, en mon âme, de charlatan.

 

vendredi 17 juin 2022

Fiche 3 : roman engagé

Le romancier est engagé lorsqu'il utilise son récit pour intervenir et prendre position sur les grands sujets moraux,
politiques et religieux de l'heure. Il ne s'arrête pas là, car il descend sur le terrain pour prendre les armes
si nécessaire, pour s'investir concrètement dans la situation.

  • Remise en question des normes, des valeurs, des institutions, des fonctionnements de la société

  • Prise de parti assumée pour un individu, un groupe, pour une idée

  • Proposition d'une société alternative ou correction du monde réel

  • L'histoire illustre le don de soi ou le courage d'un héros ou de personnages

  • L’histoire soulève des situations de réflexion

  • Une occasion pour dresser un réquisitoire conte un système

Lexique : critiquer, blâmer, s’attaquer, combattre, lutter, s’indigner, s’insurger contre, témoigner, dénoncer, prendre parti,  braver, se révolter, rejeter, remettre en question, injustice, malheur, oppression, détresse

dimanche 12 juin 2022

FICHE 1 : exemplification en poésie

La poésie lyrique

Senghor ressasse les souvenirs de son enfance dans le poème "Joal" extrait de Chants d'ombre. Il évoque les lieux et les personnes qui font le charme de sa terre natale : "l'ombre verte des vérandas", le roi, et "Kor Siga".


C'est la déception lors de son séjour à l'étranger, Rome, qui inspire à l'auteur de la Pléiade Joachim Bellay le poème " Heureux qui, comme Ulysse" tiré du recueil Regrets. Il exprime sa nostalgie par l'interrogation et l'anaphore " Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village (…) / Reverrai-je le clos de ma pauvre maison" Ce petit village, c'est Anjou.


C'est le cas de Victor Hugo dont la moitié des poèmes du recueil poétique Les contemplations sont nourris par son expérience du deuil de sa fille Léopoldine. "Demain, dès l'aube" et " Ô je fus comme fou" témoignent de la douleur qui a habité le poète.