samedi 18 février 2017

EXERCICE 2nde 2017 Baroque et Classicisme



EXERCICES : travail sur les courants littéraires baroque et classicisme 

Chimène :      Elvire, m’as-tu fait un rapport bien sincère ?
Ne déguises-tu rien de ce qu’a dit mon père ?

Elvire :           Tous mes sens à moi-même en sont encor charmés :
Il estime Rodrigue autant que vous l’aimez,
Et si je ne m’abuse à lire dans son âme,
Il vous commandera de répondre à sa flamme.

Chimène :      Que t’a-t-il répondu sur la secrète brigue
Que font auprès de toi don Sanche et don Rodrigue ?
N’as-tu point trop fait voir quelle inégalité
Entre ces deux amants me penche d’un côté ?

Elvire :           Non, j’ai peint votre cœur dans une indifférence
Qui n’enfle d’aucun d’eux ni détruit l’espérance,
Et sans les voir d’un œil trop sévère ou trop doux,
Attend l’ordre d’un père à choisir un époux.
Et puisqu’il vous en faut encor faire un récit,
Voici d’eux et de vous ce qu’en hâte il m’a dit :
Elle est dans le devoir, tous deux sont dignes d’elle,
Tous deux formés d’un sang noble, vaillant, fidèle,
Jeunes, mais qui font lire aisément dans leurs yeux
L’éclatante vertu de leurs braves aïeux.
Corneille, Le cid, Acte I, scène 1.

Exercice
Résumé acte I, scène 1 :
1- Complétez le résumé avec les mots : entretien – joyeuse – se rassurer – le père – le compte rendu – son choix
« Elvire fait ………… de son ………. avec …… de Chimène. Elle lui révèle qu’il accepte …….. d’épouser Rodrigue. Chimène est …………, mais elle continue de questionner Elvire pour ………. »
2- Quel niveau de langue est utilisé dans les interrogations ?
Familier (Tu sors ?) – Courant (Est-ce que tu sors ?) – Soutenu (Sors-tu ?)
3- Que signifie les mots et expressions suivants ? « flamme », « si je ne m’abuse », « peint ».
4- Quel vers montre que Chimène respecte le vœu de son père dans le choix d’un époux ?
5- Sur quoi Elvire se fonde-t-elle pour juger les deux soupirants Chimène ?

Pierre Corneille, L'Illusion comique, 1639.

Pridamant est très inquiet car il n'a aucune nouvelles de son fils Clindor depuis plus de 10 ans. Son ami Dorante lui conseille d'aller consulter Alcandre, un grand magicien. Ce dernier, dans sa grotte, va lui retracer tous les périples de son fils en ouvrant un immense rideau qui donne accès à une scène.
Pridamant découvre alors que Clindor, qui a fui depuis longtemps la sévérité de son père, est le suivant d'un capitan, fanfaron et lâche, amoureux d'Isabelle. Ce que le capitan Matamore ignore, c'est que Clindor et Isabelle sont amants. Pridament est spectateur des aventures amoureuses de son fils qui font de celui-ci un meurtrier puis un condamné à mort emprisonné, jusqu'à ce qu’Isabelle et sa suivante Lise le sortent de sa cellule avec la complicité du geôlier.
Alcandre lui montre alors la vie actuelle de son fils devenu grand seigneur et qui trompe sa femme avec l'épouse du roi. Mais leur amour coupable est découvert et le mari jaloux fait poignarder Clindor.
Pridamant, au bord du désespoir, découvre alors que tous ces personnages se relèvent et partagent l'argent gagné pendant la représentation. En fait, Clindor est comédien et a joué devant son père une tragédie. Tout heureux, Pridamant s'appête à "voler" vers Paris pour y retrouver son fils.


ALCANDRE.
Sans vous faire rien voir, je vous en fais un conte,
Dont le peu de longueur épargne votre honte.
Las de tant de métiers sans honneur et sans fruit,
Quelque meilleur destin à Bordeaux l'a conduit ;
Et là, comme il pensait au choix d'un exercice,
Un brave du pays l'a pris à son service.
Ce guerrier amoureux en a fait son agent :
Cette commission l'a remeublé d'argent ;
Il sait avec adresse, en portant les paroles,
De la vaillante dupe attraper les pistoles ;
Même de son agent il s'est fait son rival,
Et la beauté qu'il sert ne lui veut point de mal.
Lorsque de ses amours vous aurez vu l'histoire,
Je vous le veux montrer plein d'éclat et de gloire,
Et la même action qu'il pratique aujourd'hui.
PRIDAMANT.
Que déjà cet espoir soulage mon ennui !

Exercice : 
1- Résumé en deux ou trois phrases la longue réplique du magicien Alcandre sur ce qu’est devenu le fils de Pridamant.
2- Sur quoi on peut se fonder pour affirmer que cette pièce appartient au courant baroque.



Le saviez-vous ?


Le quiproquo, les différents types de comique, Horace dans L’école des femmes, ne sait pas qu’il s’adresse à son rival - Arnolphe – qu’il ne connaît que sous le nom de M. de la Souche. Or, Arnolphe n’a voulu que se débarrasser d’un nom qui est celui du saint patron des maris cocus.

HORACE
Mais il faut qu'en ami je vous montre sa lettre.
Tout ce que son coeur sent, sa main a su l'y mettre,
Mais en termes touchants et tout pleins de bonté,
De tendresse innocente et d'ingénuité,
De la manière enfin que la pure nature
Exprime de l'amour la première blessure.
ARNOLPHE, bas, à part.
Voilà, friponne, à quoi l'écriture te sert;
Et, contre mon dessein, l'art t'en fut découvert.
HORACE lit.
"Je veux vous écrire, et je suis bien plus en peine par où je m'y prendrai. J'ai des pensées que je désirerais que vous sussiez; mais je ne sais comment faire pour vous les dire, et je me défie de mes paroles. Comme je commence à connaître qu'on m'a toujours tenue dans l'ignorance, j'ai peur de mettre quelque chose qui ne soit pas bien, et d'en dire plus que je ne devrais. En vérité, je sais ce que vous m'avez fait, mais je sens que je suis fâchée à mourir de ce qu'on me fait faire contre vous, et j'aurai toutes les peines du monde à me passer de vous. Peut-être qu'il y a du mal à dire cela; mais enfin je ne puis m'empêcher de le dire, et je voudrais que cela se pût faire sans qu'il y en eût. On me dit fort que tous les jeunes hommes sont des trompeurs, qu'il ne les faut point écouter, et que tout ce que vous me dites n'est que pour m'abuser; mais je vous assure que je n'ai pu encore me figurer cela de vous, et je suis si touchée de vos paroles, que je ne saurais croire qu'elles soient menteuses. Dites-moi franchement ce qu'il en est: car enfin, comme je suis sans malice, vous auriez le plus grand tort du monde si vous me trompiez; et je sens que j'en mourrais de déplaisir."
ARNOLPHE, à part.
Ho! chienne!
HORACE
Qu'avez‑vous ?
ARNOLPHE
Moi? rien. C'est que je tousse.

Molière, L’école des femmes, Acte III, scène 4, 19

Le comique de mots à travers les répliques d’Arnolphe. Et le comique de situation à travers le quiproquo : Horace parle à son rival sans le savoir. Et Arnolphe n’ose se dévoiler.
Molière dénonce la tyrannie des hommes sur la femme.
Il fait de Chrysalde la voix de la sagesse.