lundi 18 mars 2024

TSQ : correction et guide aux réponses

     Le pays des Diallobé n’était pas le seul qu’une grande clameur eut réveillé un matin. Tout le continent noir avait eu son matin de clameur.

Etrange aube ! Le matin de l’occident en Afrique noire fut constellé de sourires, de coups de canon et de verroteries brillantes. Ceux qui n’avaient point d’histoire rencontraient ceux qui portaient le monde sur leurs épaules. Ce fut un matin de gésine. Le monde connu s’enrichissait d'une naissance qui se fit dans la boue et dans le sang.

Ceux qui avaient combattu et ceux qui s’étaient rendus, ceux qui avaient composé et ceux qui s’étaient obstinés se retrouvèrent le jour venu, recensés, répartis, classés, étiquetés, conscrits, administrés. Seulement combattre. Ils étaient étranges. S’ils savaient tuer avec efficacité, ils savaient aussi guérir avec le même art. Où ils avaient mis du désordre, ils suscitaient un ordre nouveau. Ils détruisaient et construisaient. On commença, dans le continent noir, à comprendre que leur puissance véritable résidait, non point dans les canons du premier matin, mais dans ce qui suivait ces canons. Ainsi, derrière les canonnières, le clair regard de la Grande Royale des Diallobé avait vu l’école nouvelle.

L’école nouvelle participait de la nature du canon et de l’aimant à la fois. Du canon, elle tient son efficacité d’arme combattante. Mieux que le canon, elle pérennise la conquête. Le canon contraint les corps, l’école fascine les âmes. Où le canon a fait un trou de cendre et de mort et, avant que, moisissure tenace, l’homme parmi les ruines n’ait rejailli, l’école nouvelle installe sa paix. Le matin de la résurrection sera un matin de bénédiction par la vertu apaisante de l’école.

                                                                 Cheikh Hamidou KANEL’aventure ambiguë, 1961

1. Comment formuler un titre ?

Le titre est formulé avec un mot ou une expression. Celle-ci est néanmoins beaucoup explicite.

Un exemple :

L’école, une arme coloniale – L’école ou la force militaire – La domination par l’école

NB. Dans ces titres, on note le thème et son rôle (ce que l’auteur expose)

2. Comment rédiger une situation ?

Il y a deux niveaux à prendre en compte : La contextualisation et la présentation du texte.

-          Pour la contextualisation, on partir d’un contexte historique, littéraire ou idéologique, d’un thème traditionnel dans la littérature, d’un aspect particulier de l’écriture littéraire, etc.

-          Pour la présentation du texte, une phrase doit énoncer des informations telles que le titre du texte entre guillemets, le titre de l’œuvre à souligner, le nom de l’auteur, la date de publication. Il faut si besoin en est, situer le passage dans l’œuvre ou préciser sa place par rapport à d’autres passages.

Un exemple :

L’école étrangère a joué un rôle de premier plan dans le système colonial. Elle a permis de former des cadres africains à la solde du maître blanc, mais aussi elle a servi à l’assimilation de certains noirs. Aussi l’école est-elle diversement appréciée par les romanciers. On retrouve ce thème dans cet extrait du roman de Cheikh Hamidou KANE L’aventure ambiguë paru en 1961.

3. Comment formuler une idée générale ?

L’idée générale (ou problématique s’il s’agit d’exprimer l’enjeu du texte sous forme de question directe ou indirecte) répond à une question par rapport à l’intention de l’auteur et l’effet de son texte sur son destinataire, en l’occurrence parfois le lecteur.)

·         Il est bon de préciser le type de texte, les énonciateurs (qui parle ? à qui ?), le motif (de quoi ?), la tonalité (pourquoi ?), le style (comment ?).

Un exemple :

Dans cet extrait, Le narrateur nous raconte comment l’école étrangère permis une conquête délicate et sournoise de l’Afrique en la comparant à la force militaire dont l’action est brutale et éphémère.

4. Le champ lexical et son utilité

Le champ lexical est composé de mots qui renvoient à la même réalité et pouvant appartenir à diverses classes grammaticales ; et on y trouve des synonymes, mots de même famille, etc.

Un exemple :

·         On identifie le champ lexical de la violence (ou de la destruction) : "coups de canon",  "sang", "combattu", "combattre", "guérir", "désordre", "détruisaient", "canons", "canonnières", "arme", "combattante", "conquête", "contraint", "cendre", "mort", "ruines"

·         On identifie le champ lexical de la naissance, de la renaissance (ou de renouveau) : "matin", "aube", "gésine", "naissance", "nouveau", "construisaient", "commença", "nouvelle", "rejailli", "résurrection"

NB. Il faut respecter les guillemets et les virgules qui isolent les mots. Ces deux champs lexicaux permettent de saisir l’opposition entre la capacité de destruction de la colonisation et le désir d’asseoir une domination durable.

5. Les figures de style et leur interprétation

Pour identifier une figure, il faut considérer sa définition qui donne les caractéristiques pour sa reconnaissance dans un texte. Ainsi, dès qu’on remarque un outil qui permet d’établir une ressemblance ou une différence entre deux réalités, on peut penser à la comparaison ; on pense à l’hyperbole, à l’accumulation dès qu’on soupçonne une amplification ; alors qu’une opposition est établie par une antithèse, une ironie ou un oxymore par exemple.

Quant à l’effet – la raison de son recours –, il faut essayer de trouver ce qui est sous-entendu par rapport au contexte fourni par le texte.

Un exemple :

Ainsi on a une accumulation (car des mots sont juxtaposés sans un souci d’ordre) « … le jour venu, recensés, répartis, classés, étiquetés, conscrits, administrés. »

Effet : Cette accumulation donne l’impression qu’on traite des personnes comme des espèces, des choses ou objets auxquels on attribue des identités pour mieux les contrôler, les soumettre. Bref, par cette figure, on remarque le désir de domination du blanc qui ne veut laisser s’échapper.

6. L’analyse grammaticale

Les classes grammaticales fréquemment proposées à l’analyse sont : le nom (groupe nominal), le verbe, l’adjectif, le déterminant, le pronom, l’adverbe.

Le nom (ou le groupe nominal et le pronom) comme sujet, complément d’objet direct ou indirect, complément du nom, complément de l’adjectif, complément d’agent dans une phrase à la tournure passive, etc.

L’adjectif qualificatif épithète lié ou détaché, mis en apposition, attribut du sujet ou du complément d’objet.

Le déterminant – articles (le, la, un, des, l’), adjectifs possessifs (mon, ton, notre, vos, leurs), démonstratifs (ce, cet, ces), indéfinis (certains, aucun, nul quelques, tout), cardinaux (deux, trois, quatre), interrogatifs (quel, lequel), exclamatifs)

7. Le vocabulaire :

-          Explication de mot ou d’expression

-          Le mot de même famille

-          Le synonyme

-          L’antonyme

-          L’homonyme

-          Le paronyme

8. Comment construire un paragraphe ? Pertinence, cohérence et expression correcte.

L’idée doit être argumentée (c’est-à-dire justifiée, explicitée avec des arguments) puis illustrée.

Il faut utiliser des connecteurs logiques et des reprises nominales et pronominales pour assurer la cohérence du bloc de paragraphe.

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samedi 16 mars 2024

Résumé exercice

 Je crois que la principale erreur de notre temps, c’est de chercher en toute chose la vitesse. Non seulement la vitesse use les machines et consomme du charbon bien plus vite qu’elle ne multiplie les produits, ce qui fait qu’elle nous appauvrit, mais aussi elle abrutit les gens, qui seront bientôt conduits, par ce train des affaires, à la stupidité diligente des abeilles.

Suivez-les. Ils se lèvent en courant ; ils se jettent de l’eau sur le corps et du café dans l’estomac, ils courent dans la rue, ils montent dans le tramway1 comme à l’assaut et, pendant que le moteur ronfle, ils se précipitent sur le journal et le dévorent comme s’ils voulaient rattraper les événements ; en cinq minutes, ils ont lu six pages. Ils descendent et s’enfuient vers leur travail : ils vont tout à l’heure surveiller des métiers, taper sur une machine à écrire parce que la plume va trop lentement, hurler au téléphone parce que les lettres arrivent trop tard. Ainsi jusqu’au soir et encore le lendemain.

 Il y avait pourtant des choses à voir à toute heure, car les saisons vont leur petit train comme au temps des rois fainéants. Ce matin un gai soleil dorait les toits de la ville ; les collines qui ferment les rues étaient enveloppées d’une vapeur bleue ; les flaques d’eau brillaient comme des diamants ; quelque chien philosophe trottait, la queue en l’air ; quelque pigeon roucoulait ; quelque chat cherchait sa route dans les gouttières. Mais qu’ont-ils pu voir, ces hommes abeilles qui vont droit au but, en ronflant comme des projectiles2 ?

Alain, "Propos d'un Normand", La dépêche de Rouen, 1926.

1. Voiture publique qui roule sur des rails en ville.     2. Objet lancé avec force.

Exercice 1 : Associe chaque paragraphe à l’idée correspondante en la recopiant : (3 pts)

-          La vitesse empêche les hommes de contempler la beauté autour d’eux.

-          Toujours pressés, les hommes expédient toutes leurs activités.

-          Aujourd’hui, la vitesse énergivore ruine et abêtit les hommes.

1er   § : ……………………………………………………………………………………

2ème § : …………………………………………………………………………………………

3ème § : ……………………………………………………………………………………….

Exercice 2 : Associe chaque synonyme au mot correspondant dans les 2 derniers paragraphes. (4 pts)

suivre son cours : ........................................

paresseux :  ......................................... 

Exercice 3 : Soit le résumé des deux premiers paragraphes :

Nous avons tort de privilégier la vitesse dans notre vie car, en plus d’être énergivore, elle nous ruine et nous abêtit.

Constatez à quel point les hommes se pressent de se laver, de manger et de s’informer. Toujours impatients, ils expédient toutes leurs activités professionnelles.

Recopie ce résumé des 2 paragraphes sur ta copie puis complète-le par le résumé du 3ème paragraphe entre 23 et 27 mots. (12 pts)

Mentionne le nombre total de mots en bas du résumé. (1 pts)

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Etude texte extrait de L'aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane

Le pays des Diallobé n’était pas le seul qu’une grande clameur eut réveillé un matin. Tout le continent noir avait eu son matin de clameur.

Etrange aube ! Le matin de l’occident en Afrique noire fut constellé de sourires, de coups de canon et de verroteries brillantes. Ceux qui n’avaient point d’histoire rencontraient ceux qui portaient le monde sur leurs épaules. Ce fut un matin de gésine. Le monde connu s’enrichissait d'une naissance qui se fit dans la boue et dans le sang.

Ceux qui avaient combattu et ceux qui s’étaient rendus, ceux qui avaient composé et ceux qui s’étaient obstinés se retrouvèrent le jour venu, recensés, répartis, classés, étiquetés, conscrits, administrés. Seulement combattre. Ils étaient étranges. S’ils savaient tuer avec efficacité, ils savaient aussi guérir avec le même art. Où ils avaient mis du désordre, ils suscitaient un ordre nouveau. Ils détruisaient et construisaient. On commença, dans le continent noir, à comprendre que leur puissance véritable résidait, non point dans les canons du premier matin, mais dans ce qui suivait ces canons. Ainsi, derrière les canonnières, le clair regard de la Grande Royale des Diallobé avait vu l’école nouvelle.

L’école nouvelle participait de la nature du canon et de l’aimant à la fois. Du canon, elle tient son efficacité d’arme combattante. Mieux que le canon, elle pérennise la conquête. Le canon contraint les corps, l’école fascine les âmes. Où le canon a fait un trou de cendre et de mort et, avant que, moisissure tenace, l’homme parmi les ruines n’ait rejailli, l’école nouvelle installe sa paix. Le matin de la résurrection sera un matin de bénédiction par la vertu apaisante de l’école.

                                                                 Cheikh Hamidou KANE, L’aventure ambiguë, 1961.

 Questions

1- Proposez un titre au texte (un mot ou groupe de mots qui dit ce dont il est question dans le texte)              ; justifiez votre réponse.                                                                                                       (2 pts)

2- a) Rédigez la situation du texte en précisant le type auquel il appartient ;                    (2 pts)

b) proposez une idée générale (une phrase qui répond aux questions : qui parle ? A qui ? De quoi ? Pourquoi ? Comment ?)                                                                                                                  

3- Donnez deux champs lexicaux dominants dans le texte en relevant 4 mots ou expressions appartenant à chacun d'eux. (chaque mot entre guillemets)                                                        (2 pts)

4- Trouvez puis interprétez les procédés littéraires contenus dans ces expressions.       (4 pts)

« … le jour venu, recensés, répartis, classés, étiquetés, conscrits, administrés. »

« L’école nouvelle participait de la nature du canon et de l’aimant à la fois. »

5- Donnez la nature et la fonction des mots et expressions soulignés.                             (3 pts)

6- Expliquez le mot " bénédiction " à la ligne 8.                                                                 (2 pts)

7- Expliquez ce passage en vous appuyant sur vos connaissances historiques.   (5 pts)        

« Le canon contraint les corps, l’école fascine les âmes. »

vendredi 15 mars 2024

Exercice sur une fable

L’Ours et l’amateur des jardins

Ours montagnard s’ennuyant décide de chercher compagnie tout comme un amateur des jardins. Ils se rencontrent, et l’Ours accepte l’invitation de son ami d’occasion.

Les voilà bons amis avant que d’arriver.

Arrivés, les voilà se trouvant bien ensemble ;

Et bien qu’on soit à ce qu’il semble

Beaucoup mieux seul qu’avec des sots,

Comme l’Ours en un jour ne disait pas deux mots

L’Homme pouvait sans bruit vaquer à son ouvrage.

L’Ours allait à la chasse, apportait du gibier,

Faisait son principal métier

D’être bon émoucheur, écartait du visage

De son ami dormant, ce parasite ailé,

Que nous avons mouche appelé.

Un jour que le vieillard dormait d’un profond somme,

Sur le bout de son nez une allant se placer

Mit l’Ours au désespoir, il eut beau la chasser.

Je t’attraperai bien, dit-il. Et voici comme.

Aussitôt fait que dit ; le fidèle émoucheur

Vous empoigne un pavé, le lance avec roideur,

Casse la tête à l’homme en écrasant la mouche,

Et non moins bon archer que mauvais raisonneur :

Roide mort étendu sur la place il le couche.


Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami ;

Mieux vaudrait un sage ennemi.

 

Jean de La Fontaine, Fables, Livre VIII, Fable X, 1668.

Questions

1. Propose une brève biographie de l’auteur. (2+2 pts)

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2. Pour définir la fable, La Fontaine écrit « Le corps est le récit ; l’âme, la moralité. » Expliquez cette citation. (2 pts)

……………………………………………………………………………………………………………

3. Trouvez dans le texte l’expression qui équivaut à cet énoncé. (2 pts)

- s'efforcer en vain de, il a tout fait pour : ……………………………………………………………

4. Soit la phrase « Je t’attraperai bien. » Transformez-la au style indirect en complétant : (2 pts)

L’Ours disait qu’il ………………………………………………………………………………………

5. Mettez au présent de l’indicatif puis au futur simple les verbes de ce passage « L’Ours allait à la chasse, apportait du gibier, / Faisait son principal métier. » (2 pts)

…………………………………………………………………………………………………………….

6. Donnez la nature et la fonction des mots suivants : (3 pts)

Arrivés : .…….………………………………………………………………………………….

Émoucheur : …………….….…………………………………………………………….

son nez : …………………..……………………………………………………………………….

7. Expliquez la leçon de morale dans un paragraphe de 5 à 7 lignes en illustrant par le texte. (5 pts)

…………………………………………………………………………………………………………….