Exposé à complétez
Introduction
I.
Le Contexte
historique
En 1942, Jean Anouilh réside à
Paris, qui est occupée par les Allemands depuis la débâcle de 1940 et
l'Armistice. L'année 1942, marque un tournant décisif dans cette période. Les
rapports de force se sont modifiés, car les États-Unis viennent de déclarer la
guerre à l'Allemagne. C’est dans ce contexte qu’on peut expliquer la naissance
de cette œuvre. C'est à un acte de résistance qu'Anouilh doit l'idée de
travailler sur le personnage d'Antigone. En août 1942, un jeune résistant, Paul
Collette, tire sur un groupe de dirigeants collaborationnistes au cours d'un
meeting de la Légion
des volontaires français (L.V.F.) à Versailles, il blesse Pierre Laval et
Marcel Déat. Le jeune homme n'appartient à aucun réseau de résistance, à aucun
mouvement politique ; son geste est isolé, son efficacité douteuse. La gratuité
de son action, son caractère à la fois héroïque et vain frappent Anouilh, pour
qui un tel geste possède en lui l'essence même du tragique. Nourri de culture
classique, il songe alors à une pièce de Sophocle, qui pour un esprit moderne
évoque la résistance d'un individu face à l'État. Il la traduit, la retravaille
et en donne une version toute personnelle.
La nouvelle Antigone
est donc issue d'une union anachronique, celle d'un texte vieux de 2400 ans et
d'un événement contemporain.
II.
Biographie
et bibliographie
- La vie de l’auteur
Jean Anouilh vit à Paris et
rentre au collège Chaptal. C'est très tôt qu'il se prend de passion pour le théâtre.
En 1928, il assiste émerveillé, au printemps, à la représentation de Siegfried
de Jean Giraudoux, l'adolescent de dix-huit ans fut ébloui, subjugué...
En 1929 il devient le secrétaire
de Louis Jouvet. Les relations entre les deux hommes sont tendues. Qu'importe,
son choix est fait, il vivra pour et par le théâtre.
Sa première pièce, l'Hermine
(1932), lui offre un succès d'estime, et il faut attendre 1937 pour qu'il
connaisse son premier grand succès avec le Voyageur sans bagages.
L'année suivante le succès de sa pièce la Sauvage confirme sa notoriété et met fin à
ses difficultés matérielles.
Puis éclate la seconde guerre
mondiale. Pendant l'occupation, Jean Anouilh continue d'écrire. Il ne prend
position ni pour la collaboration, ni pour la résistance. Ce non-engagement lui
sera reproché.
En 1944 est créé Antigone.
Cette pièce connaît un immense succès public mais engendre une polémique.
Certains reprochent à Anouilh de défendre l'ordre établi en faisant la part
belle à Créon. En 1945, il s'engage pour essayer de sauver l'écrivain
collaborateur Robert Brasillach de la peine de mort; en vain. Cette exécution
le marque profondément.
Il écrira encore plusieurs pièces
dans les années soixante-dix, dont certaines lui vaudront le qualificatif
"d'auteur de théâtre de distraction". Il n'en reste pas moins qu'il a
bâti une oeuvre qui révèle un pessimisme profond.
Anouilh est mort en 1987.
- La bibliographie
La production littéraire de Jean Anouilh peut être divisée
en deux grandes parties : Les pièces roses, les pièces noires, les pièces brillantes, les pièces grinçantes, les pièces costumées, les pièces baroques, les pièces secrètes et les pièces farceuses. Par exemples dans
les pièces roses il y a des comédies savoureuses, où l'auteur se laisse aller à
sa fantaisie. Dans l'univers « rose » d'Anouilh, il y a deux
catégories de personnages : « les marionnettes », qui sont pour
la plupart des vieux ridicules et inconsistants et « les amoureux »,
des jeunes gens sincères qui croient à leur amour. On a Humulus
le muet (1929), Le Bal des voleurs (1932), Le
Rendez-vous de Senlis (1937) et Léocadia (1939).
Les pièces noires sont L'Hermine
(1931), La Sauvage (1934), Le Voyageur sans
bagage (1937) et Eurydice
(1942), Jézabel
(1932), Antigone
(1944), Roméo
et Jeannette (1946), Médée
(1946).
Pièces brillantes (1951)
L'Invitation au
château (1947), La Répétition
ou l'Amour puni (1947), Cécile
ou l'École des pères (1949) et Colombe
(1951).
Pièces grinçantes (1956)
Ardèle ou la
Marguerite (1948), La
Valse des toréadors (1951), Ornifle ou le
Courant d'air (1955) et Pauvre
Bitos ou le Dîner de têtes (1956), L'Hurluberlu ou le Réactionnaire amoureux
(1957), La Grotte
(1961), L'Orchestre
(1962), Le
Boulanger, la Boulangère et le Petit Mitron (1968) et Les
Poissons rouges ou Mon père, ce héros (1970).
Pièces costumées (1960)
Le meurtre de Thomas Becket
(détail du vitrail de la cathédrale de
Cantorbéry).
L'Alouette
(1953), Becket ou
l'Honneur de Dieu (1959) et La Foire d'empoigne
(1962).
Pièces baroques (1974)
Cher Antoine ou
l'Amour raté (1969), Ne
réveillez pas Madame (1970) et Le Directeur de
l'Opéra (1972).
Tu étais si gentil quand tu étais petit (1972), L'Arrestation (1975), Le Scénario
(1976).
Épisode de la vie d'un auteur (1948), Chers zoiseaux (1976), La Culotte (1978) et Le Nombril
(1981).
III.
Résumé
Le Prologue, personnage héritier
du chef de choeur, présente les protagonistes, leurs caractères et leurs rôles
: Antigone, sa soeur Ismène, son fiancé Hémon, le roi Créon qui est aussi le
père d'Hémon, Eurydice la femme de Créon, la nourrice d'Antigone, le messager
et enfin les trois gardes.
Antigone rentre chez elle, à
l'aube, après une promenade nocturne, elle est surprise par sa nourrice qui lui
adresse quelques reproches. La nourrice sort et Ismène dissuade Antigone
d'ensevelir le corps de son frère Polynice et ainsi d'enfreindre l'ordre de Créon.
Sans succès, Antigone n'entend pas devenir raisonnable.
Antigone se retrouve à nouveau
seule avec sa nourrice, elle pense à la mort, la nourrice la réconforte.
Ensuite arrive Hémon à qui elle prie de lui pardonner pour la dispute de la
veille. Hémon la réconforte en lui déclarant son amour. Antigone lui annonce
ensuite qu'elle ne pourra pas l'épouser en lui disant qu'il saura pourquoi
"demain".
Ismène essaie encore une fois de
convaincre Antigone de renoncer à son projet, mais elle apprend qu'il a déjà
débuté. Un des garde du roi arrive alors pour annoncer à Créon que quelqu'un à
recouvert de terre le corps de Polynice. Créon ne veut pas que la nouvelle se
répande.
Le choeur intervient pour donner
sa vision de la tragédie et annonce le "petit coup de pouce pour que cela
démarre". Antigone se fait arrêter par un garde pendant qu'elle recouvre
pour la seconde fois le cadavre, elle est emmenée chez Créon qui est prêt à la
sauver et oublier l'affaire. Antigone refuse et se révolte, elle veut sa mort.
Ismène arrive, elle veut mourir
avec sa soeur, elle est prête aussi à aller recouvrir le corps de Polynice mais
Antigone refuse. Créon appelle la garde qui emmène Antigone. Hémon supplie son
père de l'épargner mais il refuse car c'est elle qui voulait mourir. Hémon
s'enfuit.
Antigone reste seule avec un
garde, elle lui dicte une lettre qu'elle veut adresser à Hémon. Le messager
annonce la mort d'Antigone ainsi que celle d'Hémon. Le Choeur apprends ensuite
à Créon que sa femme Eurydice s'est donnée la mort en apprenant la mort de son
fils. Il ne reste plus que Créon et ses gardes.
IV.
Structure de
la pièce
V.
Les
personnages
- Les personnages principaux
Antigone : Personnage central de la pièce dont elle porte le
nom, Antigone est opposée dès les premières minutes à sa sœur Ismène, dont elle
représente le négatif. "la petite maigre", "la maigre jeune
fille moiraude et renfermée" (p. 9), elle est l'antithèse de la jeune
héroïne, l'ingénue, dont "la blonde, la belle, l'heureuse Ismène" est
au contraire l'archétype. Elle a un physique de garçon et elle aime le gris :
"C'était beau. Tout était gris", "monde sans couleurs",
"La Nourrice
(...) Combien de fois je me suis dit : "Mon Dieu, cette petite, elle n'est
pas assez coquette ! Toujours avec la même robe et mal peignée", Antigone
le dit elle même : "je suis noire et maigre". Opiniâtre, secrète,
elle n'a aucun des charmes dont sa sœur dispose à foison : elle est
"hypocrite", a un "sale caractère", c'est "la sale
bête, l'entêtée, la mauvaise". Malgré cela, c'est elle qui séduit Hémon :
elle n'est pas dénuée de sensualité, comme le prouve sa scène face à son
fiancé, ni de sensibilité, dont elle fait preuve dans son dialogue avec la Nourrice. Face à
Ismène, Antigone se distingue au physique comme au moral, et peut exercer une véritable
fascination : Ismène lui dit : "Pas belle comme nous, mais autrement. Tu
sais bien que c'est sur toi que se retournent les petits voyous dans la rue ;
que c'est toi que les petites filles regardent passer, soudain muettes sans
pouvoir te quitter des yeux jusqu'à ce que tu aies tourné le coin."
Son caractère reçoit cette même
marque d'étrangeté qui a séduit Hémon et qui manque à Ismène, ce que Créon
appelle son orgueil. Quelque chose en elle la pousse à aller toujours plus loin
que les autres, à ne pas se contenter de ce qu'elle a sous la main :
"Qu'est-ce que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique,
votre nécessité, vos pauvres histoires ? Moi, je peux encore dire
"non" encore à tout ce que je n'aime pas et je suis seule juge."
Créon : "son oncle, qui est le roi", "il a des
rides, il est fatigué", "Avant, du temps d'Œdipe, quand il n'était
que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles
reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes".
C'est un
souverain de raccroc, tout le contraire d'un ambitieux. Besogneux et
consciencieux, il se soumet à sa tâche comme à un travail journalier, et n'est
pas si différent des gardes qu'il commande. "Thèbes a droit maintenant à
un prince sans histoire. Moi, je m'appelle seulement Créon, Dieu merci. J'ai
mes deux pieds sur terre, mes deux mains enfoncées dans mes poches, et, puisque
je suis roi, j'ai résolu, avec moins d'ambition que ton père, de m'employer
tout simplement à rendre l'ordre de ce monde un peu moins absurde, si c'est
possible." (pages 68 et 69)
Au nom du bon
sens et de la simplicité, Créon se voit comme un tâcheron, un
"ouvrier" du pouvoir (page 11). Il revendique le manque d'originalité
et d'audace de sa vision, et plaide avec confiance pour la régularité et la
banalité de l'existence. Sa tâche n'est pas facile, mais il en porte le fardeau
avec résignation.
Personnage
vieilli, usé, il se distingue par sa volonté d'accommodement ; mais il avoue
aussi avoir entretenu d'autres idéaux : "J'écoutais du fond du temps un
petit Créon maigre et pâle comme toi et qui ne pensait qu'à tout donner lui
aussi..." (page 91). Créon se considère lui-même comme une Antigone qui
n'aurait pas rencontré son destin, une Antigone qui aurait survécu.
Hémon : Le "jeune homme",
"fiancé d'Antigone", est le fils de Créon, c'est un personnage
secondaire qui n'apparaît qu'en deux occasions, soumis à Antigone et révolté
contre Créon ; ses propos sont courts et simples ("Oui, Antigone."),
ou témoignent d'une naïveté encore enfantine. La peur de grandir se résume chez
lui à l'angoisse de se retrouver seul, de regarder les choses en face :
"Père, ce n'est pas vrai ! Ce n'est pas toi, ce n'est pas aujourd'hui !
Nous ne sommes pas tous les deux au pied de ce mur où il faut seulement dire
oui. Tu es encore puissant, toi, comme lorsque j'étais petit. Ah ! Je t'en
supplie, père, que je t'admire, que je t'admire encore ! Je suis trop seul et
le monde est trop nu si je ne peux plus t'admirer." (p. 104)
Fiancé amoureux,
enfant révolté, il est par son caractère davantage proche d'Ismène, à qui le
Prologue l'associe, que d'Antigone.
Ismène : Elle "bavarde et
rit", "la blonde, la belle" Ismène, elle possède le "goût
de la danse et des jeux [...] du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi",
elle est "bien plus belle qu'Antigone", est "éblouissante",
avec "ses bouclettes et ses rubans", "Ismène est rose et dorée
comme un fruit".
"Sa
sœur" possède une qualité indomptable qui lui manque : elle n'a pas cette
force surhumaine. Même son pathétique sursaut à la fin de la pièce n'est pas à
la hauteur de la tension qu'exerce Antigone sur elle-même : "Antigone,
pardon ! Antigone, tu vois, je viens, j'ai du courage. J'irai maintenant avec
toi. [...] Si vous la faites mourir, il faudra me faire mourir avec elle !
[...] Je ne peux pas vivre si tu meurs, je ne veux pas rester sans toi !"
(pages 97-98).
C'est sa
faiblesse même, et non sa volonté, qui la pousse à s'offrir à la mort. Antigone
le voit bien, et la rudoie avec mépris : "Ah ! non. Pas maintenant. Pas
toi ! C'est moi, c'est moi seule. Tu ne te figures pas que tu vas venir mourir
avec moi maintenant. Ce serait trop facile ! [...] Tu as choisi la vie
et moi la mort. Laisse-moi maintenant avec tes jérémiades."
Eurydice : C'est "la vieille dame qui tricote", la
"femme de Créon", "elle est bonne, digne, aimante", mais
"Elle ne lui est d'aucun secours"
- Les comparses
La nourrice : Personnage traditionnel du théâtre grec, mais
inexistant dans la pièce de Sophocle, elle a été créée par Anouilh pour donner
une assise familière à la pièce, et davantage montrer l'étrangeté du monde
tragique. Avec elle, ni drame ni tragédie, juste une scène de la vie courante,
où la vieille femme, affectueuse et grondante, est une "nounou"
rassurante, qui ne comprend rien à sa protégée : "Tu te moques de moi,
alors ? Tu vois, je suis trop vieille. Tu étais ma préférée, malgré ton sale
caractère." (p. 20). Elle "a élevé les deux petites".
Les gardes : Ce sont " trois
hommes rougeauds qui jouent aux cartes", "ce ne sont pas de mauvais
bougres", "ils sentent l'ail, le cuir et le vin rouge et ils sont
dépourvus de toute imagination". Ces gardes représentent une version
brutale et vulgaire de Créon. Leur langage sans raffinement, leur petitesse de
vue en font des personnages peu sympathiques, dont les rares bons mouvements ne
suffisent pas à cacher la peur de la hiérarchie ("Pas d'histoires !"
revient souvent dans leur bouche). Sans être totalement réduits à l'état de
machines, ils sont essentiellement un instrument du pouvoir de Créon, et rien
de plus : "Le Garde : S'il fallait écouter les gens, s'il fallait essayer
de comprendre, on serait propres." (p. 55)
Leur soumission
à Créon n'est pas établie sur la base d'une fidélité personnelle. Ils sont des
auxiliaires de la justice, respectueux du pouvoir en place, et ce quel que soit
celui qui occupe le pouvoir. Le Prologue indique bien que rien ne leur
interdirait de se retourner contre Créon, si celui-ci était déchu : "Pour
le moment, jusqu'à ce qu'un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne
de l'arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon."
(p. 12)
Sans états
d'âme, ils passent au travers de la tragédie sans rien comprendre, et le rideau
tombe sur eux, comme il tombe dans Médée sur un garde et la Nourrice, après le
suicide de Médée et le meurtre de ses enfants
Le Page : Accompagnant Créon dans
plusieurs scènes, il représente l'innocence émouvante, l'enfant qui voit tout
et ne comprend rien, qui n'est pour l'instant d'aucune aide, mais qui, à son
tout, un jour, pourrait bien devenir Créon ou Antigone.
Polynice : "Polynice, le vaurien, le voyou",
"mauvais frère", "il a toujours été un étranger" pour sa
sœur Ismène, "un petit fêtard imbécile", "un petit carnassier
dur et sans âme", "une petite brute tout juste bonne à aller plus
vite que les autres avec ses voitures, à dépenser plus d'argent dans les
bars.", il a été laissé à pourrir dehors.
- mais, en vérité, ce sont tous
les deux des crapules : Etéocle "ne valait pas plus cher que
Polynice", "deux larrons en foire", "deux petits
voyous"
Etéocle : - "Etéocle l'aîné" : " le bon
frère", "le fils fidèle d'Œdipe", "le prince loyal",
il a eu d'imposantes funérailles
Le Messager : C'est un "garçon pâle [...] solitaire".
Autre personnage typique du théâtre grec, il apparaît dans la pièce de
Sophocle. Il se borne à être la voix du malheur, celui qui annonce avec un luxe
de détails la mort d'Hémon. Dans le récit du Prologue, il projette une ombre
menaçante : "C'est lui qui viendra annoncer la mort d'Hémon tout à l'heure.
C'est pour cela qu'il n'a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il
sait déjà..."
VI.
Les thèmes
- La solitude
La solitude d’Antigone : Dès le début, le Prologue nous
annonce qu'Antigone va "se dresser seule en face du monde, seule en face de
Créon" (p. 9). Antigone espérait l'aide de sa soeur pour ensevelir son
frère mais Ismène a renoncé : "Nous ne pouvons pas. [...] Il nous ferait
mourir." (p. 23), Ismène la traite de folle : "J'ai bien pensé toute
la nuit. Tu es folle." (p. 23).
Sa nourrice ne la comprend pas
non plus : "Elle est fiancée et à quatre heures du matin elle quitte son
lit pour aller courir avec un autre." (p. 18), elle s'efforce de prendre
soin de sa santé : "je suis là comme une idiote au lieu de lui donner quelque
chose de chaud." (p. 21).
Créon non plus ne peut expliquer
son comportement : "Pourquoi fais-tu ce geste, alors ? Pour les autres,
pour ceux qui y croient ? Pour les dresser contre moi ? [...] Ni pour les
autres, ni pour ton frère ? Pour qui alors ?"
Antigone elle même veut agir
seule sans comprendre les autres : "Je ne veux pas comprendre. C'est bon
pour vous. Moi je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour
vous dire non et mourir.". Avant son exécution, elle dit : "Je suis toute
seule.".
La solitude de Créon : Encore une fois, c'est le Prologue qui
nous le présente : "Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop
petit et qui ne peut rien non plus pour lui.". Sa femme Eurydice ne lui
parlera pas, "elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu'à ce que son
tour vienne de se lever et de mourir." (p. 11).
Pour accomplir
son devoir, il ne compte que sur lui : "Mais OEdipe et ses fils sont
morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches et il a
pris leur place.", "Et puis, au matin, des problèmes précis se
posent, qu'il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au
seuil de sa journée." (p. 11).
Lorsqu'Antigone
est en train de mourir, Hémon le supplie et il répond : "On est tout seul,
Hémon. Le monde est nu." (p. 105). A la fin de la tragédie, le Choeur lui
dit qu'il est seul, sa réponse est : "Tout seul, oui." et il continue
sa "sale besogne" (p. 121)...
- le bonheur
Dès le début Ismène parle du
bonheur à Antigone : "Ton bonheur est là devant toi et tu n'as qu'à le
prendre. Tu es fiancée, tu es jeune, tu es belle..." (p. 29), puis c'est
au tour d'Hémon : "C'est plein de disputes un bonheur." (p. 38).
Lorsque Créon lui parle du bonheur : "Tu va me mépriser encore, mais de
découvrir cela, tu verras, c'est la consolation dérisoire de vieillir, la vie,
ce n'est pas peut-être tout de même que le bonheur.", Antigone réagit,
perdu : "Quel sera-t-il, mon bonheur ? Quelle femme heureuse
deviendra-t-elle, la petite Antigone ? Quelles pauvretés faudra-t-il qu'elle
fasse elle aussi, jour par jour, pour arracher avec ses dents son petit lambeau
de bonheur ?" (p.92).
Elle veut rester jeune :
"Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! [...] Moi, je veux tout, tout
de suite, - et que ce soit entier - ou alors je refuse ! [...] Je veux être
sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais
petite". (p. 95), elle refuse la médiocrité : "Hémon ne doit plus
pâlir quand je pâlis, s'il ne doit plus me croire morte quand je suis en retard
de cinq minutes, [...], alors je n'aime plus Hémon!" (p. 93).
- la liberté
VII.
Ecriture
La majorité des verbes sont au présent de l'indicatif, au passé composé, au passé composé au passif , au futur et à l’imparfait:
"écoute", "c'est", "tu crois", "je ne
peux", "je ne sais", "je crois"... Ainsi le texte est actualisé afin que le
lecteur ne soit pas désabusé face à une histoire tirée de la mythologie, mais
surtout très éloignée du monde contemporain : : "ça ma nui",
"je n'ai jamais été blessé", "je vais", "vont-ils",
"étaient", "avaient", ils allaient".
Conclusion
3 commentaires:
Mon cher la conclusion c'est obligatoire ?
La conclusion et la liberté
L'introduction la structure de la pièce là liberté et la conclusion sont obligatoires
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