samedi 10 décembre 2022

Texte : Les moutons de Panurge

 

 

Les moutons de Panurge

Dans le Quart livre, Pantagruel et ses compagnons sont partis à la recherche de la dive bouteille, une bouteille contenant une boisson divine. Au cinquième jour de leur voyage, ils croisent un navire marchand. La rencontre se passe bien, mais Panurge se dispute avec un marchand nommé Dindonnault. Ils se réconcilient, mais Panurge, n’ayant pas digéré les moqueries du marchand, lui achète un mouton, qu’il paye excessivement cher.

 

Soudain, je ne sais comment la chose arriva si vite, je n’eus le loisir de le considérer, Panurge, sans dire autre chose, jette en pleine mer son mouton criant et bêlant. Tous les autres moutons, criant et bêlant avec la même intonation, commencèrent à se jeter et sauter en mer à sa suite, à la file. C’était à qui sauterait le premier après leur compagnon. Il n’était pas possible de les en empêcher, comme vous connaissez le naturel du mouton, qui est de toujours suivre le premier, en quelque endroit qu'il aille. Aristote le dit aussi au livre 9 de L’Histoire des animaux, c’est l’animal le plus sot et inepte du monde.

Le marchand, tout effrayé de ce que devant ses yeux il voyait périr et noyer ses moutons, s'efforçait de les en empêcher et de les retenir autant qu’il le pouvait. Mais c'était en vain. Tous à la file sautaient dans la mer, et périssaient. Finalement, il en prit un grand et fort par la toison sur le tillac (1) du navire, pensant ainsi le retenir, et conséquemment sauver le reste aussi. Le mouton fut si puissant qu'il emporta dans la mer avec lui le marchand qui se noya, de la même façon que les moutons de Polyphème le Cyclope borgne emportèrent Ulysse et ses  compagnons hors de la caverne. Les autres bergers et gardiens en firent autant, les prenant les uns par les cornes, les autres par les pattes, les derniers par la toison. Tous furent pareillement emportés et noyés misérablement en mer. Panurge, à côté de la cuisine, tenant un aviron (2) en main, non pour aider les bergers, mais pour les empêcher de grimper sur le navire et échapper au naufrage. Il les exhortait avec éloquence, comme s’il était un petit frère d’Olivier Maillard (3) ou un second frère Jean Bourgeois (4), leur démontrant par lieux de rhétorique (5) les misères de ce monde, le bien et le bonheur de l'autre vie, affirmant que les trépassés (6) sont plus heureux que les vivants dans cette vallée de misère, et promettant à chacun d'eux d’ériger un beau cénotaphe (7) et sépulcre (8) en leur honneur au plus haut du Mont-Cenis, à son retour du Lanternois. Il leur souhaitait néanmoins, au cas où vivre encore parmi les humains ne leur déplût pas et où il ne leur vînt pas à l’idée de se noyer, bonne aventure et rencontre de quelque baleine, laquelle au troisième jour les rendrait sains et saufs en quelque doux pays, à l'exemple de Jonas (9). [...] Une fois le bateau vidé du marchand et des moutons, Panurge demanda : « Reste-t-il ici une seule âme moutonnière ? Où sont ceux de Thibault l’Agnelet ? [...] Que t’en semble, frère Jean ?

— Tout est bien pour vous, mais vous auriez dû garder le paiement. L’argent serait resté dans votre bourse.

— J’en ai eu pour mon argent, répondit Panurge. »

François Rabelais, Quart Livre, Chapitre VIII, 1552.

 

Notes   :

1 – Le tillac : pont supérieur d’un navire. 2 – Aviron : rame. 3 – Olivier Maillard prédicateur célèbre par ses sermons sous Louis XI, Charles VIII et Louis XII. 4 – Jean Bourgeois : autre célèbre prédicateur. 5 – La rhétorique est l’art de bien parler et de convaincre avec éloquence. 6 – Les  trépassés : les morts. 7 – Cénotaphe : tombeau élevé à la mémoire d’un mort   et qui ne contient pas son corps. 8  - Sépulcre :  tombeau. 9 - Jonas, pris dans une tempête, passe trois jours dans le ventre d’une baleine (voir Le livre de Jonas dans L’Ancien Testament).

dimanche 20 novembre 2022

Champ lexical

Le champ lexical

Un champ lexical est l’ensemble des mots et expressions qui renvoient à un même domaine, à une même réalité.

Par exemple, les mots « arme », « armure », « fusil », « soldat », « mort », « sang », «champ de bataille » appartiennent au champ lexical de la guerre.

Par ailleurs, il est à noter que dans un texte, c'est le champ lexical qui détermine le thème. Dans le cas de notre exemple, on dira que le texte porte sur la guerre.

NB. Il faut toujours relever le champ lexical dominant d'un texte en mettant entre guillemets les mots qui le composent.

Attention ! Le champ lexical doit être générique par rapport à la liste de mots énumérés.

Les « branche », « forêt », « bûcheron », « bois », « rivière », « sentier » ne renvoient pas au champ lexical de l'arbre.

A quel champ lexical les rattachez-vous ?

 

 

jeudi 17 novembre 2022

Exercice TSQ

 

Je ne veux point fouiller au sein de la nature,

Je ne veux point chercher l'esprit de l'univers,

Je ne veux point sonder les abîmes couverts,

Ni dessiner du ciel la belle architecture.

 

Je ne peins mes tableaux de si riche peinture,

Et si hauts arguments ne recherche à mes vers :

Mais suivant de ce lieu les accidents divers,

Soit de bien, soit de mal, j'écris à l'aventure.

 

Je me plains à mes vers, si j'ai quelque regret :

Je me ris avec eux, je leur dis mon secret,

Comme étant de mon cœur les plus sûrs secrétaires.

 

Aussi ne veux-je tant les peigner et friser,

Et de plus braves noms ne les veux déguiser

Que de papiers journaux ou bien de commentaires.

 

            Joachim Du Bellay, Les Regrets, 1558.

 

1) Comment nomme-t-on la forme de ce poème ; justifie ta réponse. (1+1 pts)


2) Fais la partition syllabique des vers de la deuxième strophe. Puis identifie le type de vers employé  (2+1 pts)


4) Etudie les rimes de la première strophe. (1+1+1 pts) 


5) Qui parle dans ce poème ? A qui s’adresse-t-il ? Pourquoi ? (1+1+1 pts)


6) Dans quelle strophe repères-tu une comparaison ? Quels sont les deux éléments comparés ? (1+1 pts)


7) Donne la nature et la fonction des mots soulignés. (1+1 pts)


8) A quel genre littéraire appartient ce texte ? Justifie ta réponse. (1+1 pts)


9) Dans quelle strophe trouve-t-on le champ lexical des sentiments ? Relevez les mots qui le composent. (1+1 pts)


10) Quel rôle le poète attribue-t-il à la poésie ? Choisis la réponse appropriée. (1 pts)


     a- La poésie est inutile.

     b- La poésie sert à éduquer.

     c- La poésie est engagée.

     d- La poésie est consolatrice.

 

lundi 14 novembre 2022

Les figures de style (1)

1) Les figures de rapprochement

1. La comparaison


Elle établit un rapprochement entre deux réalités afin de les comparer en utilisant un outil de comparaison (comme, ressembler, pareil à, identique à, tel que, plus … que, moins … que, aussi … que, etc.)


Exemple : Cet athlète nage comme un poisson.


La comparaison est donc composé de trois éléments : un comparé ( athlète), un outil de comparaison (comme) et le comparant ( poisson). On peut y ajouter le motif de rapprochement - souvent non-dit - (bon nageur).


2. La métaphore


La métaphore rapproche deux réalités différentes par analogie (par ce qui les ressemble). C'est une comparaison sans outil de comparaison.


Exemple : Cet athlète est un poisson.


La métaphore peut se présenter autrement ; sans le comparé parfois.

Exemple : Ce poisson des bassins est triple vainqueur olympique.


Parfois, c'est le comparant qui est le verbe.

Exemple : La mer galope vers la plage. (On voit ici que la vague est rapprochée à un cheval)


On parle de métaphore filée lorsque l'auteur continue la métaphore dans un paragraphe ou dans le texte.


3. La personnification


Elle consiste à donner les traits d'une personne à une chose ou une idée.


Exemple : La Nature dormait profondément.


4. L'allégorie


Elle utilise une chose concrète pour représenter une idée, afin de la rendre moins abstraite.


Exemple : Le temps mange la vie. (Le temps représenté sous les traits d'une réalité concrète).


Exemple : Je vis cette faucheuse… (pour représenter la Mort).

dimanche 13 novembre 2022

Correction_versification 23

1- Soit  le vers : Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

Je / fais / sou / vent / ce / rê / v (e) é / tran /g (e) et / pé / né / trant.

Réponse : vrai

2- Un e muet (caduc) associé aux terminaisons « -e », « -es », « -ent » ne compte pas comme

une syllabe quand il est...

Réponse : A la fin du vers

3- Un vers de huit syllabes est appelé... 

Réponse : un octosyllabe

4- La prononciation en deux syllabes distinctes de deux voyelles successives d'un même mot

s'appelle...

Réponse : diérèse

5- Lisez cet alexandrin et dites sur quel mot on note une diérèse :

Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige.

Réponse : violon

6- Sur quel mot note-t-on une diérèse dans ces deux vers : 

1. Et quand viendra l’hiver aux neiges monotones,

2. Je fermerai partout portières et volets

Réponse : por/ti/ères

7- Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,

Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,

Par delà le soleil, par delà les éthers,

Par delà les confins des sphères étoilées,

La rime (vallées/étoilées) est ...

Réponse : suffisante

8- Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,

Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,

Par delà le soleil, par delà les éthers,

Par delà les confins des sphères étoilées,

La rime (vallées/étoilées) est ...

Réponse : féminine

9- Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,

Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,

Par delà le soleil, par delà les éthers,

Par delà les confins des sphères étoilées,

La rime (mers/éthers) est ...

Réponse : suffisante

10- Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,

Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,

Par delà le soleil, par delà les éthers,

Par delà les confins des sphères étoilées,

La rime (mers/éthers) est ...

Réponse : masculine

11- On parle de rejet quand la fin d’un groupe syntaxique est situé...

Réponse : Au début du vers suivant

12- Quel procédé rythmique notez-vous dans ces vers ?

Le Loup, par ce discours flatté,

S’approcha. Mais sa vanité

Lui coûta quatre dents : le Cheval lui desserre

Un coup ; et haut le pied. Voilà mon loup par terre

Réponse : rejet

Astuce : les deux premiers vers sont des octosyllabes ; et le verbe " S’approcha" qui se trouve au début de l'octosyllabe du deuxième vers appartient au vers précédent. D'ailleurs son sujet est "le loup".

13- Quel procédé rythmique notez-vous dans ces vers ?

Après quelques moments, l’appétit vint : 

L’Oiseau, s'approchant du bord, vit sur l’eau

Réponse : rejet

14- Quel procédé rythmique notez-vous dans ces vers ?

Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée, / Sous le faix du fagot aussi bien que des ans /

Gémissant et courbé marchait à pas pesants,

Réponse : enjambement

15- Quel procédé rythmique notez-vous entre ces deux vers ?

Je détournai les yeux et m'en allai : la teinte

Où le ciel gris noyait mes songes, s'assombrit

Réponse : contre-rejet

Astuce : Soyez attentif à la ponctuation qui isole le mot à la fin du premier vers (ici ce sont les deux points). "la teinte" appartient à la phrase du vers suivant : on a donc un contre-rejet.

16- C'est la répétition d'un son vocalique ( voyelle). 

Réponse : assonance

17- C'est la répétition d'un son consonantique. 

Réponse : allitération

18- Dans le vers suivant, nous notons :  

Un effroyable cri sorti du fond des flots.

Réponse : allitération en [f]

Astuce : Si dans un énoncé, l'auteur fait entendre avec insistance un son, on parle d'assonance pour une voyelle et d'allitération pour une consonne.

Exemple : Ton thé t'a-t-il ôté ta toux.

On note une allitération en [t].











jeudi 10 novembre 2022

TSQ modèle de devoir

Sonnet (à M.V.H.)


Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,

Pour savoir, après tout, ce qu’on aime le mieux,

Les bonbons, l’Océan, le jeu, l’azur des cieux,

Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.


Il faut fouler aux pieds des fleurs à peine écloses ;

Il faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d’adieux.

Puis le cœur s’aperçoit qu’il est devenu vieux,

Et l’effet qui s’en va nous découvre les causes.


De ces biens passagers que l’on goûte à demi,

Le meilleur qui nous reste est un ancien ami.

On se brouille, on se fuit. – Qu’un hasard nous rassemble,


On s’approche, on sourit, la main touche la main,

Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble,

Que l’âme est immortelle, et qu’hier c’est demain.


Alfred de Musset, Poésies nouvelles, 26 avril 1843. (Réconciliation avec Victor Hugo)


Questions


1) Fais la partition syllabique des vers de la dernière strophe.

2) Quel procédé métrique notes-tu au vers 14, et sur quel mot ?

3) Caractérise le rythme du vers 9.

4) Par quel procédé rythmique les vers 3 et 4 sont-ils reliés ?

5) Étudie les rimes de la 2ème strophe.

6) Nomme la figure de style contenue dans les 3 et 4. puis au niveau 5 et 6. Analyse les effets voulus par le poète.

7) Donne la nature et la fonction des mots et expressions soulignés.

8) Fais l'analyse logique de la phrase du vers 10.

9) Décompose le mot "immortelle", puis trouve deux mots de la même famille.

10) Quelle est la forme de ce poème ? Justifie ta réponse.

11) a. Propose une présentation du texte.

      b. Rédige l'idée générale du poème.



NB. Les réponses doivent être formulées sous forme de phrase.
Pour aérer la copie, il faut sauter une ligne après chaque réponse.

mardi 8 novembre 2022

PENDA LA CAPRICIEUSE (4ème partie)

 4ème et dernière partie de "Penda la capricieuse"


Nélavane habilla Penda en homme ; il lui apprit à stimuler une démarche d’homme, à donner à sa voix des flexions mâles.

Un jour qu’il faisait très chaud, elle se mit à son aise pour dormir.

Un Maure de la Cour royale découvrit que l’ « étranger » portait deux seins à la peau satinée. Or les Maures ne gardent pas les secrets.

Il s’en fut trouver le roi et dit :

- En vérité, Majesté, l’étranger du pays est femme !

- Si c’est un mensonge ; répondit le monarque, je te ferai décapiter !

- J’en suis aussi sûr que je m’appelle Ahmed, assura le Maure.

Le lendemain, le crieur public de la capitale promulgua au son du tam-tam que le roi invitait ses sujets à venir, nus, se baigner sur les rives du fleuve.

- La baignade est organisée pour vous confondre, expliqua Nélavane à Penda ; pendant votre sommeil, je vous transformerai en homme, le plus beau.

L’espion Maure fut décapité.

- C’est au prix de ma vie, Penda, que les mages m’ont donné le pouvoir de transformer votre sexe, lui dit Nélavane, au retour de la baignade ; demain à l’aube je mourrai, vous rassemblerez mes os et les calcinerez. A minuit, tournez vers le levant, enveloppez-vous d’un voile blanc, et les yeux fermez soufflez sur ma cendre.

Penda pleura des larmes de sang en hommage funéraire à son dévoué serviteur.

A minuit, elle s’enveloppa d’un voile blanc  et, les yeux fermés, souffla sur les cendres ; elle se sentit transportée à une vitesse inouïe, à travers l’espace. Elle perdit connaissance.

A son réveil, elle était dans sa famille, entourée de la reine mère et des courtisans. Elle raconta son histoire qui se répondit dans le pays, franchit toutes les frontières.

Depuis ce jour, les jeunes filles se montrent moins capricieuses à l’âge du mariage.


Ousmane Socé, Contes et légendes d’Afrique noire, 1962.


Activité

1. Qu'est-ce qui caractérise ce pays où Penda et son cheval ont atterri ? Expliquez pourquoi un tel pays relève de merveilleux.

2. Quel défaut a-t-on puni chez le maure Ahmed ?

3. Dans la réplique du cheval "La baignade est organisée pour vous confondre, expliqua Nélavane à Penda", donner un synonyme du mot " confondre" dans ce contexte.

4. Que pourrait symboliser le voile blanc de Penda ?

5. Comment comprenez-vous la fin de ce conte ? Qu'est-il réellement arrivé à Penda ?



vendredi 4 novembre 2022

PENDA LA CAPRICIEUSE (3ème partie)

Questions sur la 3ème partie de "Penda la capricieuse"

Activités

1. Relevez les deux chiffres magiques de cette partie.

2. Identifiez les lieux traversés par Penda et son cheval. Qu'est-ce qui les caractérise ?

3. Quel interdit Penda a-t-elle enfreint ?

4. Quelle suite prévoyez-vous à partir de cette partie ?


dimanche 30 octobre 2022

PENDA LA CAPRICIEUSE (2ème partie)

Le jour où Penda devait rejoindre la maison de son époux, la reine-mère lui donna les conseils d’usage et aussi « Nélavane », un cheval à l’aspect somnolent. Penda se plaignit.

- Mère, je devais monter notre plus beau cheval pour me présenter devant les sujets de mon mari.

- Ma fille, Nélavane a de la sagesse, il sera ton conseiller aux moments difficiles.

Penda fit endosser à son cheval le plus riche caparaçon de l’écurie royale pour masquer sa laideur.

Elle chevaucha de longues journées à côté de son mari qui conduisait un pur-sang d’une finesse et d’une nervosité extraordinaires.

Suivaient cavaliers et griots. Penda, dressée sur ses étriers de fer, admirait la perspective houleuse des têtes altières, nimbées du voile de poussière que soulevait le pas cadencé des coursiers. Il lui sembla que leur nombre diminuait, que les files devenaient creuses à chaque tournant de sentier. Etait-ce le voile de poussière qui lui cachait les derniers rangs de cavaliers ?

Il semblait que les arbres qui bordaient le chemin augmentaient de nombre quand on les avait dépassés. Ces interrogations fourmillaient dans l’esprit de Penda. Elle crispa les doigts sur les rênes.

Le cheval s’arrêta sous la morsure du fer meurtrissant sa bouche. Penda fut tirée de sa méditation. Elle demanda explication, d’autant que le dernier rang venait de s’éclipser

- Où sont passés, mon époux, les hommes qui formaient notre escorte ?

- Ils sont redevenus, sous mon charme, ce qu’ils étaient, des arbres

- D’où vous vient ce pouvoir ?

- Je suis Lion-fée. J’ai su qu’il existait une jeune fille capricieuse qui ne voulait pas épouser d’homme qui eût une cicatrice.

Les bras s’étaient transformés en pattes velues de lion.

Le cheval disparut. Elle vit, devant elle, un lion à queue nerveuse et agitée.

- Suis-moi, dit-il.

Penda, terrifiée, avait la gorge sèche ; sa respiration était sur le point de s’arrêter, tout son corps était pris de frémissements.


Activités

  1. Que symbolise le cheval offert par la mère à sa fille ?

  2. Notez les passages du merveilleux dans cette partie.

  3. "Le cheval disparut" comment justifiez-vous l'emploi du passé simple ici ?

NB. Notez vos réponses sur votre cahier.


jeudi 27 octobre 2022

PENDA LA CAPRICIEUSE (1re partie)


Penda était une jeune fille belle comme les étoiles du ciel, belle à vous donner envie de l’avaler.
Elle passa une enfance adulée ; elle n’eut pas à crisper la main sur un pilon qui en eût meurtri la paume fragile ; point, non plus, de ces lourdes charges à transporter sur la tête et qui épaississent le cou, enflent les bras. On ne voulut pas offusquer ses regards par la fumée des cuisines.
L’art de la composition orale des poèmes, l’art de moduler les mots sur les rythmes du chant des oiseaux, du cours des ruisseaux, de la chute des gouttes de pluie, l’art d’exprimer, dans le langage de la danse, la signification des airs de tam-tam et aussi l’art de se parer, de se bien tenir furent les seuls enseignements de son enfance.
A l’âge du mariage, Penda se montra difficile ; elle ne voulut épouser qu’un homme qui n’eût pas de cicatrices. Elle refusa Massamba, connu pour ses faits d’armes mais qui portait une cicatrice, vestige glorieux d’un coup de lance reçu à la bataille.
Elle évinça Mademba, le plus célèbre tueur de lions du pays, parce que son épaule avait été marquée par le coup de griffe d’une lionne blessée.
Il en vint de riches, de beaux, de nobles. Penda les repoussa.
Le bruit fit le tour du pays.
Un jour, il se présenta un homme qui se disait prince d’un pays situé à sept semaines de marche.
On ne pouvait le nier, à considérer les cavaliers nombreux qui l’accompagnaient.
Deux serviteurs, attachés à la personne de la princesse, affirmèrent que le prince ne portait aucune cicatrice.
Penda consentit à l’épouser.

Activités :
Qui est le personnage principal ? Que désire-t-il ? Pourquoi son vœu est-il difficile à se réaliser ? Pourquoi?
 Dans quel pays ce conte est-il originaire ? 
A partir des réponses, résumez cette partie de l'histoire en deux ou trois phrases dans votre cahier.

mardi 23 août 2022

Texte argumentatif

 L'adolescent contestataire ou l'adolescent révolté qui refaisaient le monde en le détruisant ne semblent plus du tout correspondre au profil actuel. L'adolescent d'aujourd'hui est moins social et plus individualiste et intimiste. […] Ils ne s'engagent pas dans une relation sociale au bénéfice d'un bien commun, mais la relation sociale est vécue dans l'espoir d'obtenir le maximum d'intérêt pour soi; même si l'on crie à l'égalité pour tous à l'université, ce n'est pas tant pour les autres que pour soi. La vie sociale n'est plus vécue par beaucoup comme le lieu de tâches communes et solidaires à partir duquel la responsabilité personnelle a aussi des conséquences sur les autres, mais la vie sociale apparaît comme un espace à partir duquel chacun «calcule» le maximum d'avantages sociaux dont il pourra bénéficier. Tout se passe comme si chacun avait besoin de se situer comme acteur dans sa vie et d'agir sur ce qu'il peut maîtriser.

T. Anatrella, Interminables adolescences, 1991.

dimanche 24 juillet 2022

TSQ correction fable "La jeune veuve"

Réponses aux questions 

1. Quel genre de texte a-t-on ? Justifiez votre réponse.

Réponse : on a une fable poétique. Le texte est composé d'une histoire qui illustre une moralité. On note aussi qu'il est écrit en vers rimés et composé de strophes.


2.Quelles figures de style identifiez-vous dans ces passages ?

Réponse

-  "L'une fait fuir les gens, et l'autre a mille attraits" : on a une antithèse.

- "l'autre a mille attraits" : on a une hyperbole.

- "Un époux beau, bien fait, jeune, et tout autre chose" : on a une accumulation.


3. A quoi correspond le vers souligné ? Reformulez ce qu'il veut dire.

Réponse : il s'agit de la moralité. Le fabuliste veut dire que le temps favorise l'oubli des douleurs.


4. Donnez deux mots de même famille que "parure".

Réponse : on a apparaître, apparition, parution.


5. Analysez les mots soulignés dans le texte. Réponse

jeune : adjectif qualificatif, féminin singulier, épithète du nom beauté.

Le défunt : groupe nominal, masculin singulier, sujet inversé de a.

L'époux : groupe nominal, masculin singulier, attribut de cloître.

On : pronom personnel, sujet du verbe se plonge.

Tant : adverbe d'intensité, modifie le sens de l'adjectif chéri.


6. Faites l'analyse logique de la phrase en gras.

Réponse

ne songez plus aux morts : proposition principale. 

Puisqu'il est des vivants : proposition subordonnée conjonctive, introduite par la locution conjonctive puisque, complément circonstanciel de cause de la principale.


7. Donnez le temps et le mode du verbe "noyiez" au vers 25.

Réponse : le verbe est au présent du subjonctif.

jeudi 21 juillet 2022

Analyse

L’analyse grammaticale

Il faut savoir qu’il y a 9 classes grammaticales : nom, pronom, verbe, adjectif, déterminant, adverbe, préposition, conjonction, interjection.

Généralement on vous propose à analyser des groupes ou les classes suivantes : nom, pronom, verbe, adjectif.

Voyons maintenant les fonctions courantes : sujet, complément (du nom ; de l’adjectif ; d’objet direct, indirect, second, d’agent, circonstanciel), mis en apposition, attribut, épithète.

Exemple :

Le vaillant surveillant, consciencieux, rencontre les élèves qui sont sérieux dans la cours de l’école.

vaillant : adjectif qualificatif, masculin singulier, épithète de surveillant.

consciencieux : adjectif qualificatif, masculin singulier, mis en apposition pour surveillant.

les élèves : groupe nominal, masculin pluriel, complément d’objet direct du verbe rencontre.

qui : pronom relatif, masculin pluriel, sujet de l’auxiliaire sont.

sérieux : adjectif qualificatif, masculin pluriel, attribut du sujet les élèves.

cour : nom commun de chose, féminin singulier, complément circonstanciel de lieu.

l’école : groupe nominal, féminin singulier, complément du nom cour.

 

L’analyse logique se réussit si on identifie les verbes et leur sujet ; puis les liens entre les propositions.

1)      Il sort à midi et reviens une heure plus tard.

2)      Il n’est pas revenu ; il a pris la fuite.

Pour ces deux phrases les liens sont la conjonction de coordination en 1) et le point-virgule en 2). Alors, on a des propositions indépendantes.

Sinon, trois cas sont à prévoir dans la proposition subordonnée :

1)      Je préfère les arachides qui sont grillées.

2)      Je veux que les arachides soient grillées.

3)      Je préfère les arachides quand elles sont récoltées en hivernage.

 

En 1) la proposition est une relative. On voit le pronom à côté du nom.

En 2) la proposition est complétive ; on a une conjonction car le « que » suit un verbe.

En 3) la proposition est une circonstancielle ; on a un conjonction de subordination « quand ».

lundi 11 juillet 2022

TSQ fable

Préparation au second tour TSQ


La Jeune Veuve


La perte d'un époux ne va point sans soupirs.

On fait beaucoup de bruit, et puis on se console.

Sur les ailes du Temps la tristesse s'envole ;

Le Temps ramène les plaisirs.

Entre la Veuve d'une année

Et la veuve d'une journée

La différence est grande : on ne croirait jamais

Que ce fût la même personne.

L'une fait fuir les gens, et l'autre a mille attraits.

Aux soupirs vrais ou faux celle-là s'abandonne ;

C'est toujours même note et pareil entretien :

On dit qu'on est inconsolable ;

On le dit, mais il n'en est rien,

Comme on verra par cette Fable,

Ou plutôt par la vérité.


L'Epoux d'une jeune beauté

Partait pour l'autre monde. A ses côtés sa femme

Lui criait : « Attends-moi, je te suis ; et mon âme,

Aussi bien que la tienne, est prête à s'envoler. »

Le Mari fait seul le voyage.

La Belle avait un père, homme prudent et sage :

Il laissa le torrent couler.

A la fin, pour la consoler,

« Ma fille, lui dit-il, c'est trop verser de larmes :

Qu'a besoin le défunt que vous noyiez vos charmes ?

Puisqu'il est des vivants, ne songez plus aux morts.

Je ne dis pas que tout à l'heure

Une condition meilleure

Change en des noces ces transports ;

Mais, après certain temps, souffrez qu'on vous propose

Un époux beau, bien fait, jeune, et tout autre chose

Que le défunt.- Ah ! dit-elle aussitôt,

Un Cloître est l'époux qu'il me faut. »

Le père lui laissa digérer sa disgrâce.

Un mois de la sorte se passe.

L'autre mois on l'emploie à changer tous les jours

Quelque chose à l'habit, au linge, à la coiffure.

Le deuil enfin sert de parure,

En attendant d'autres atours.

Toute la bande des Amours

Revient au colombier : les jeux, les ris, la danse,

Ont aussi leur tour à la fin.

On se plonge soir et matin

Dans la fontaine de Jouvence.

Le Père ne craint plus ce défunt tant chéri ;

Mais comme il ne parlait de rien à notre Belle :

« Où donc est le jeune mari

Que vous m'avez promis ? dit-elle. ».

Jean de La Fontaine, Les Fables, 1668


Questions


1. Quel type de texte a-t-on ? Justifiez votre réponse.

2.   Quelles figures de style identifiez-vous dans ces passages ? "L'une fait fuir les gens, et l'autre a mille attraits" ; 

"l'autre a mille attraits" ; 

"Un époux beau, bien fait, jeune, et tout autre chose"

3.  A quoi correspond le vers souligné? Reformulez ce qu'il veut dire.

4.  Donnez deux mots de même famille que "parure".

5.   Analysez les mots soulignés.

6.   Faites l'analyse logique de la phrase en gras.

7.   Donnez le temps et le mode du verbe " noyiez" au vers 25.