dimanche 4 novembre 2018

Interprétation des sonorités

Interprétation de l'allitération et de l'assonance

Allitérations en [f], [s], [ʃ], [v], [z] évoquent le souffle, le vent, le sifflement, le frottement, la légèreté, etc. 

Allitérations en [m], [n], [ñ], [l], [r] sont des sons fluides et doux pouvant traduire
- [l], [r] l’écoulement, l’eau ruisselante, la durée de ce qui est évoqué, etc.
- [m], [n], [ñ] la douceur, la délicatesse, l’affection, la tendresse, l’agilité, l’aisance.

Allitérations en [p], [t], k], [b], [d], [g] sont des sons secs ou durs, brefs, violents.
- [p], [t], k] évoquent un bruit sec, un craquement, et même la colère, l’indignation, l’écœurement, etc.
- [b], [d], [g] évoquent un bruit sourd, un bourdonnement, un tremblement, la dureté, la lourdeur.


Assonances en [ou], [u] expriment un bruit sourd, la lourdeur, le mystère, l’inquiétude.

Assonances en [i], [e], [ɛ̃] sont des sons aigus, strident qui peuvent évoquer un grincement, un cri, une plainte, une douleur, et même la clarté, la vérité. 

Assonances en [ã], [o], [on] traduisent l’ampleur, la grandeur, la majesté mais parfois la langueur, la mélancolie, le soupir.

Assonances en [ø], [œ], [ǝ], [œ̃] évoquent l’absence, le silence, le murmure, mais aussi la durée.

Toutes interprétations sont proposées à titre indicatif ; il s’agit d’abord de les confirmer dans le texte avec d’autres indices pour juger leur pertinence et leur utilité dans l’interprétation.

EXERCICE
 

lundi 22 octobre 2018

Allitération et Assonance (cours)


Allitération et Assonance  (cours)

L'allitération et l'assonance sont des figures de style.

Une allitération est la répétition d'un son consonne dans un groupe de mots.
Une assonance est la répétition d'un son voyelle dans un groupe de mots.

Elles auront de l’importance, donc à prendre en compte dans le commentaire, lorsqu’on identifie au minimum trois fois le même son – ou des sons proches, et de manière rapprochée pour que cela frappe l’oreille.
Pour les interpréter, assurez-vous que ces sons soient liés aux sens des mots du texte afin de les utiliser pour la compréhension du texte. Soit le son cherche à imiter un bruit (« Pour qui sont ces serpents qui sifflent au-dessus de nos têtes ») soit il suggère quelque chose évoquée par l’auteur (« Déjà s’éteint ma lampe / Et l’ombre de la rampe / Qui le long du mur rampe / Monte jusqu’au plafond » "Les Djinns" Hugo, Les Orientales). Dans ce dernier exemple, les allitérations en [l] et [r] suggèrent la durée évoquée par les mots. Donc les sons insistent sur l’obscurité qui remplit doucement, insidieusement le lieu.

Exemples :
« Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur » (Verlaine)
Allitérations en [k, g]. Elles évoquent quelque chose de dur qui assaille le poète.

« Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Bercent mon cœur
D’une langueur
Monotone » (Verlaine)
Assonances [o, Õ] s’associent à « sanglots » et « monotone », et sa répétition traduit alors la longue tristesse évoquée par le mot « langueur ». Le poète exprime ainsi sa mélancolie.

 « Tam-tam sculpté, tam-tam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur » "Femme noire" (Léopold Sédar Senghor, Chants d’ombre, 1945)

Les allitérations en [t] et [d] reproduisent les sons sourds et secs du tam-tam.
Opposition du sens de deux mots proches par les sons : « Du rêve instantané que le réveil lamente »

Cliquez ici pour voir la signification des sons.

dimanche 21 octobre 2018

Prépa bac : Evaluation Premières et Terminales S / L



Evaluation Premières et Terminales S / L

Chant d'automne (I)

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.


Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur
, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.


J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.


Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? - C'était hier l'été ; voici l'automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.


            Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857.

Questions

1. a) Dites quel procédé métrique a permis d’obtenir des alexandrins aux vers 15 et 16. (1 pt)
    b) Puis étudiez le rythme de ces deux derniers vers. (2 pts)
2. Etudiez les rimes de la deuxième strophe (disposition - qualité - genre). (0,5+1+0,5 pts)
3. Quelle sonorité fait entendre les échos du choc aux vers 13 et 14 ? (1pts)
4. Comment s’appellent les figures de style présentes aux vers 5/6, 7, 11 et 12 ? (1+1+1+1 pts)
5. Le sentiment exprimé dans le poème est-ce la quiétude, l’angoisse ou l’admiration ? Justifiez votre réponse en relevant le champ lexical. (2+1 pts)
6. Quel organe de sens est souvent sollicité dans ce poème ? Relevez le champ lexical qui le confirme. (2 pts)
7. Quelle est la valeur d’emploi du futur dans le premier vers ? (2 pts)
8. Que symbolise l’automne dans ce poème ? (1pts)
9. Quelle leçon le lecteur doit-il retenir de ce poème ? (2 pts)

NB : Sautez une ligne entre les réponses. Vous pouvez commencer par n’importe quelle question.

Prépa bac : Evaluation Premières et Terminales S / L (Correction)


Evaluation Premières et Terminales S / L (CORRECTION)

Chant d'automne (I)

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.


Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur
, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.


J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.


Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? - C'était hier l'été ; voici l'automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.


            Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857.

Questions

1. a) Dites quel procédé métrique a permis d’obtenir des alexandrins aux vers 15 et 16. (1 pt)
Il faut prononcer en diérèse (en deux syllabes hi/ier (2syllabes) et mys/té/ri/eux (4syllabes))
    b) Puis étudiez le rythme de ces deux derniers vers. (2 pts)
Pour/ qui ? /- C'é/tait/ hi/er/ l'é// ; voi/ci/ l'au/tomn(e) !
Les mots soulignés portent l’accent, car c’est après eux qu’on peut faire une pause – grammaticale aussi.
Par conséquent, le rythme est 2/6/4 donc ternaire. Cela traduit l’hésitation ou l’incertitude que renforcent les points d’interrogation et d’exlamation.
Ce/ bruit/ mys/té/ri/eux // son/ne/ com/m(e) un/ dé/part.
Etant donné qu’une pause est observée au milieu du vers, ce qui équivaut à une césure, alors le rythme est binaire avec 6//6 ou si on veut 2/4//1/5 donc irrégulier.

2. Etudiez les rimes de la deuxième strophe (disposition - qualité - genre). (0,5+1+0,5 pts)
- colère (A) / forcé (B) / polaire (A) / glacé (B) pour la disposition ; la rime est croisée.
- La qualité : pour colère / polaire  la rime est riche. Alors que pour forcé (B) / glacé (B) la rime est suffisante.
- Le genre : pour colère / polaire  la rime est féminine, tandis que pour forcé (B) / glacé (B) la rime est masculine.

3. Quelle sonorité fait entendre les échos du choc aux vers 13 et 14 ? (1pts)
Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Les échos du choc sont traduits par l’allitération en [k]. Elle évoque le bruit des marteaux sur les clous du cercueil.

4. Comment s’appellent les figures de style présentes aux vers 5/6, 7, 11 et 12 ? (1+1+1+1 pts)
Vers 5/6 : on a une gradation
Vers 7 : on a une comparaison
Vers 11 : on a une comparaison
Vers 12 : on a une métaphore (on peut trouver une hyperbole, car bélier infatigable est une exagération)

5. Le sentiment exprimé dans le poème est-ce la quiétude, l’angoisse ou l’admiration ? Justifiez votre réponse en relevant le champ lexical. (2+1 pts)
Baudelaire avait pour programme d’exprimer le spleen et l’idéal. Ici, il s’agit du spleen, donc l’angoisse est exprimée, vu le champ lexical de la peur : « ténèbres », « horreur », « rouge », « frémissant », « échafaudé », « succombe ».

6. Quel organe de sens est souvent sollicité dans ce poème ? Relevez le champ lexical qui le confirme. (2 pts)
Deux possibilités : les oreilles ou les yeux. Mais en priorité les oreilles (champ lexical surligné en jaune dans le texte)

7. Quelle est la valeur d’emploi du futur dans le premier vers ? (2 pts)
Ce futur renvoie au futur proche, pour signifier l’imminence de sa mort.

8. Que symbolise l’automne dans ce poème ? (1pts)
L’automne symbolise la vieillesse.

9. Quelle leçon le lecteur doit-il retenir de ce poème ? (2 pts)
Question très ouverte, mais la réponse doit être cohérente par rapport aux réponses fournies tout au long du devoir. On peut relever des leçons sur le rapport de l’homme à la mort. Une prise de conscience du « memento mori » (qui signifie souviens-toi que tu vas mourir), il faut penser à la mort qui frappera un jour, idée de se préparer pour ce jour fatidique. Une bonne raison pour ne pas être vaniteux.