Evaluation Premières et Terminales S
/ L (CORRECTION)
Chant d'automne
(I)
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J'entends déjà
tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant
sur le pavé des cours.
Tout
l'hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer
polaire,
Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.
J'écoute en
frémissant chaque bûche qui tombe ;
L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui
succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.
Il me semble, bercé par ce choc
monotone,
Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? - C'était hier
l'été ; voici l'automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.
Questions
1. a) Dites quel procédé métrique a
permis d’obtenir des alexandrins aux vers 15 et 16. (1 pt)
Il
faut prononcer en diérèse (en deux syllabes hi/ier (2syllabes) et mys/té/ri/eux
(4syllabes))
b) Puis étudiez le rythme de ces deux derniers vers. (2 pts)
Pour/ qui ? /- C'é/tait/ hi/er/ l'é/té/ ; voi/ci/ l'au/tomn(e)
!
Les
mots soulignés portent l’accent, car c’est après eux qu’on peut faire une pause
– grammaticale aussi.
Par
conséquent, le rythme est 2/6/4 donc ternaire. Cela traduit l’hésitation
ou l’incertitude que renforcent les points d’interrogation et d’exlamation.
Ce/ bruit/ mys/té/ri/eux //
son/ne/ com/m(e) un/ dé/part.
Etant
donné qu’une pause est observée au milieu du vers, ce qui équivaut à une
césure, alors le rythme est binaire avec 6//6 ou si on veut 2/4//1/5 donc
irrégulier.
2. Etudiez les rimes de la deuxième
strophe (disposition - qualité - genre). (0,5+1+0,5 pts)
- colère (A) / forcé (B) / polaire
(A) / glacé (B) pour la disposition ; la rime
est croisée.
-
La qualité : pour colère / polaire la rime est riche. Alors que pour forcé (B) / glacé (B) la rime est
suffisante.
-
Le genre : pour colère / polaire la rime est féminine, tandis que pour forcé (B) / glacé (B) la rime est
masculine.
3. Quelle sonorité fait entendre les
échos du choc aux vers 13 et 14 ? (1pts)
Il
me semble, bercé par ce choc
monotone,
Qu'on cloue en grande hâte un
cercueil quelque part.
Les
échos du choc sont traduits par l’allitération en [k]. Elle évoque le bruit des
marteaux sur les clous du cercueil.
4. Comment s’appellent les figures
de style présentes aux vers 5/6, 7, 11 et 12 ? (1+1+1+1 pts)
Vers
5/6 : on a une gradation
Vers
7 : on a une comparaison
Vers
11 : on a une comparaison
Vers
12 : on a une métaphore (on peut trouver une hyperbole, car bélier
infatigable
est une exagération)
5. Le sentiment exprimé dans le
poème est-ce la quiétude, l’angoisse ou l’admiration ? Justifiez votre réponse en
relevant le champ lexical. (2+1 pts)
Baudelaire
avait pour programme d’exprimer le spleen et l’idéal. Ici, il s’agit du spleen,
donc l’angoisse est exprimée, vu le champ lexical de la peur
: « ténèbres », « horreur », « rouge »,
« frémissant », « échafaudé », « succombe ».
6. Quel organe de sens est souvent
sollicité dans ce poème ? Relevez le champ lexical qui le confirme. (2 pts)
Deux
possibilités : les oreilles ou les yeux. Mais en priorité les oreilles
(champ lexical surligné en jaune dans le texte)
7. Quelle est la valeur d’emploi du futur
dans le premier vers ? (2 pts)
Ce
futur renvoie au futur proche, pour signifier l’imminence de sa mort.
8. Que symbolise l’automne dans ce
poème ? (1pts)
L’automne
symbolise la vieillesse.
9. Quelle leçon le lecteur doit-il
retenir de ce poème ? (2 pts)
Question
très ouverte, mais la réponse doit être cohérente par rapport aux réponses
fournies tout au long du devoir. On peut relever des leçons sur le rapport de
l’homme à la mort. Une prise de conscience du « memento mori » (qui
signifie souviens-toi que tu vas mourir), il faut penser à la mort qui frappera un jour, idée de se préparer pour ce jour
fatidique. Une bonne raison pour ne pas être vaniteux.