4. Les sonorités
a) Allitération et assonance
Certains sons sont la reproduction des bruits désignés dans le texte.
Les sons peuvent ainsi imiter :
- le silence : par le
jeu des « e » muets ;
- les sensations : par
des sonorités rudes ou douces, agréables ou désagréables. Elles reproduisent de façon
analogique les sensations évoquées : l’impression que les mots produisent
sur l’oreille est analogue à celle qu’ils produisent dans la réalité, ce dont on
parle. Analogie entre l’impression auditive ressentie et la sensation ou le
sentiment désigné.
Les mots associés par le sens le sont aussi pour l’oreille.
Les effets produits
Imitation d’un bruit ou d’un mouvement
Imitation d’un silence, d’un mouvement silencieux
La nature du mouvement : lent/rapide, violent, doux, etc.
Exemple : "les
aveugles de Baudelaire"
« Ils s’unissent ; on peut entendre
Un bruit volant vibrant ronfleur. »
« Languissant(e) elle meurt feuill(e) à feuill(e)
déclos(e)… » (Ronsard)
« Quand
le ciel bas et
lourd pèse comme un couvercle. » (Baudelaire)
Commentaire : k
– p – b sont prononcés difficilement. Ils accentuent l’impression de
malaise et d’étouffement qui s’emparent du poète.
Ainsi une allitération :
c’est la répétition d’un son-consonne, qui peut créer un effet particulier.
De même une assonance, la
répétition d’un son-voyelle.
Exemple : La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur
Un rond
de danse et de douceur (Eluard)
assonance en [u] et en [œ] et les voyelles
nasales [ô] et [a].
Harmonie imitative : il s’agit de
répétition de sons qui imitent les bruits évoqués par le texte.
Ex. Pour qui sont ces serpents qui sifflent au-dessus de vos têtes.
Exo :
- Les mouches
bourdonnant sur ce ventre putride.
- Un frais
parfum sortait des
touffes d’asphodèles.
- Mais dans les joncs
déjà j’entends les jars crier.
b) La rime
La rime est un
"écho" que se font 2 fins de vers. On décompose la rime en
"phonèmes" = en "sons" entendus. La rime peut être :
- Pauvre : il n’y a qu’1 son commun :
fini/joli (I)
- Suffisante : il y a 2 sons en commun en fin de
vers : couchés/ penchés (CH+E)
- Riche : il y a 3 sons ou plus en commun :
terre/solitaire. (T+E+R)
- Léonine : et des voyelles qui précèdent cette consonne.
Sillage/pillage
« Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
Toi qui sur le néant en sais plus que les morts. »
(Stéphane Mallarmé, «
Angoisse », Poésies, 1887 et 1899.)
La disposition des rimes :
selon la façon dont elles sont disposées les unes par rapport aux autres, les
rimes peuvent être :
Plates (ou suivie) : AABB / Croisées ou alternées : ABAB / Embrassées : ABBA
Enfin, on parle de rimes féminines, celles qui sont terminées par un
"E" muet (effet de douceur) ; et de rimes masculines pour les
autres terminaisons (fin plus brutale).
Quelque sujet qu'on traite, ou plaisant ou
sublime,
Que toujours le bon sens s'accorde avec la
rime:
L ' u n l'autre vainement ils semblent se
haïr;
La rime est une esclave et ne doit qu'obéir.
(Boileau Ch. I, v. 2 7 )
Remarque : La
rime rend vivant le vers et le limite. Elle rapproche tel ou tel mot en créant
ou une ressemblance (chaîne/peine ; sombre/ombre) ou un contraste (fleur/horreur).
Exemple : sur les rimes sémantiques ou
anti-sémantiques.
A te voir marcher en
cadence
Belle
d’abandon
On dirait un serpent qui danse
Au
bout d’un bâton.
NB. Il était interdit de rimer des mots trop proches par leur
sens ou leur formation. Vérité/bonté ; égalité/liberté.
Le poème devait alterner rimes masculines et rimes féminines. Mais
Verlaine ne le respecte pas :
« Dans l’interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable. » « Romance
sans paroles », 1874.
Ex : rêve/réveil ; je te hais autant que je t’aime ; avenir et
souvenir ; clair/cristal ; ténébreux/radieux ; aiguille/épée ; songe/mensonge.
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