Le pays des Diallobé n’était pas le seul qu’une grande clameur eut réveillé un matin. Tout le continent noir avait eu son matin de clameur.
Etrange aube ! Le matin de l’occident en
Afrique noire fut constellé de sourires, de coups de canon et de verroteries
brillantes. Ceux qui n’avaient point d’histoire rencontraient ceux qui
portaient le monde sur leurs épaules. Ce fut un matin de gésine. Le monde connu
s’enrichissait d'une naissance qui se fit dans la boue et dans le sang.
Ceux qui avaient combattu et ceux qui
s’étaient rendus, ceux qui avaient composé et ceux qui s’étaient obstinés se
retrouvèrent le jour venu, recensés, répartis, classés, étiquetés, conscrits,
administrés. Seulement combattre. Ils étaient étranges. S’ils savaient tuer
avec efficacité, ils savaient aussi guérir avec le même art. Où ils avaient mis
du désordre, ils suscitaient un ordre nouveau. Ils détruisaient et construisaient.
On commença, dans le continent noir, à comprendre que leur puissance véritable
résidait, non point dans les canons du premier matin, mais dans ce qui suivait
ces canons. Ainsi, derrière les canonnières, le clair regard de la Grande
Royale des Diallobé avait vu l’école nouvelle.
L’école nouvelle participait de la nature
du canon et de l’aimant à la fois. Du canon, elle tient son efficacité d’arme
combattante. Mieux que le canon, elle pérennise la conquête. Le canon contraint
les corps, l’école fascine les âmes. Où le canon a fait un trou de cendre et de
mort et, avant que, moisissure tenace, l’homme parmi les ruines n’ait rejailli,
l’école nouvelle installe sa paix. Le matin de la
résurrection sera un matin de bénédiction par la vertu apaisante de
l’école.
Cheikh Hamidou KANE, L’aventure ambiguë, 1961
1. Comment formuler un titre ?
Le titre
est formulé avec un mot ou une expression. Celle-ci est néanmoins beaucoup
explicite.
Un exemple :
L’école, une arme
coloniale – L’école ou
la force militaire
– La domination
par l’école
NB. Dans ces titres, on note le thème et son rôle (ce que l’auteur
expose)
2. Comment rédiger une situation ?
Il y a deux
niveaux à prendre en compte : La contextualisation et la présentation du texte.
-
Pour
la contextualisation, on peut partir d’un
contexte historique, littéraire ou idéologique, d’un thème
traditionnel dans la littérature, d’un aspect
particulier de l’écriture littéraire, etc.
-
Pour
la présentation du texte, une phrase doit énoncer des informations telles que le titre du texte entre guillemets, le titre de l’œuvre à souligner, le nom de l’auteur, la date de publication. Il faut si besoin en est, situer le passage dans l’œuvre ou préciser sa place par rapport à d’autres passages.
Un exemple :
L’école étrangère a joué un rôle de premier
plan dans le système colonial. Elle a permis de former des cadres africains à
la solde du maître blanc, mais aussi elle a servi à l’assimilation de certains
noirs. Aussi l’école est-elle diversement appréciée par les romanciers. On retrouve ce thème dans cet extrait du roman de Cheikh
Hamidou KANE L’aventure ambiguë paru en 1961.
3. Comment formuler une idée générale ?
L’idée
générale (ou problématique s’il s’agit d’exprimer l’enjeu du texte sous forme
de question directe ou indirecte) répond à des questions en rapport avec l’intention
de l’auteur et l’effet de son texte sur son destinataire, en l’occurrence parfois
le lecteur.
·
Il
est bon de préciser le type de texte, les énonciateurs (qui parle ? à qui ?), le motif (de quoi ?), la tonalité (pourquoi ?), le style (comment ?).
Un exemple :
Dans cet
extrait, Le narrateur nous raconte comment l’école étrangère a permis une conquête délicate
et sournoise de l’Afrique en la comparant à la force
militaire dont l’action est brutale et éphémère.
4. Le champ lexical et son utilité
Le champ lexical est composé de mots qui
renvoient à la même réalité et pouvant appartenir à diverses classes
grammaticales ; et on y trouve des synonymes, mots de même famille, etc.
Un exemple :
· On identifie le champ lexical de la violence (ou de la destruction) : "coups de canon", "sang", "combattu", "combattre", "guérir", "désordre", "détruisaient", "canons", "canonnières", "arme", "combattante", "conquête", "contraint", "cendre", "mort", "ruines"
·
On
identifie le champ lexical de la naissance,
de la renaissance (ou de renouveau) : "matin",
"aube", "gésine", "naissance", "nouveau",
"construisaient", "commença", "nouvelle", "rejailli",
"résurrection"
NB. Il faut respecter les guillemets et les virgules qui isolent les mots. Ces deux champs lexicaux permettent de saisir l’opposition entre la capacité de destruction de la colonisation et le désir d’asseoir une domination durable.
5. Les figures de style et leur interprétation
Pour identifier une figure, il faut
considérer sa définition qui donne les caractéristiques pour sa reconnaissance
dans un texte. Ainsi, dès qu’on remarque un outil qui permet d’établir une
ressemblance ou une différence entre deux réalités, on peut penser à la
comparaison ; on pense à l’hyperbole, à l’accumulation dès qu’on soupçonne
une amplification ; alors qu’une opposition est établie par une antithèse,
une ironie ou un oxymore par exemple.
Quant à l’effet – la raison de son recours –,
il faut essayer de trouver ce qui est sous-entendu
par rapport au contexte fourni par le texte.
Un exemple :
Ainsi on a
une accumulation (car des mots sont
juxtaposés sans un souci d’ordre) « … le jour venu, recensés, répartis,
classés, étiquetés, conscrits, administrés. »
Effet : Cette accumulation donne l’impression
qu’on traite des personnes comme des espèces, des choses ou objets auxquels on
attribue des identités pour mieux les contrôler, les soumettre. Bref, par cette
figure, on remarque le désir de domination du blanc qui ne veut laisser aucun africain s’échapper.
6. L’analyse grammaticale
Les classes
grammaticales fréquemment proposées à l’analyse sont : le nom (groupe
nominal), le verbe, l’adjectif, le déterminant, le pronom, l’adverbe.
Le nom (ou
le groupe nominal et le pronom) comme sujet, complément d’objet direct ou
indirect, complément du nom, complément de l’adjectif, complément d’agent dans
une phrase à la tournure passive, etc.
L’adjectif
qualificatif épithète lié ou détaché, mis en apposition, attribut du sujet ou
du complément d’objet.
Le
déterminant – articles (le, la, un, des, l’), adjectifs possessifs (mon, ton,
notre, vos, leurs), démonstratifs (ce, cet, ces), indéfinis (certains, aucun,
nul quelques, tout), cardinaux (deux, trois, quatre), interrogatifs (quel,
lequel), exclamatifs) détermine un nom.
7. Le vocabulaire :
-
Explication
de mot ou d’expression
-
Le
mot de même famille
-
Le
synonyme
-
L’antonyme
-
L’homonyme
-
Le
paronyme
8. Comment construire un paragraphe ?
Pertinence, cohérence et expression correcte.
L’idée doit être argumentée (c’est-à-dire justifiée, explicitée avec des arguments)
puis illustrée.
Il faut
utiliser des connecteurs logiques et des reprises
nominales et pronominales pour
assurer la cohérence du bloc de paragraphe.
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