Introduction
En Afrique, le conte occupe une place privilégiée dans
l’éducation des populations. Voilà pourquoi son étude est pertinente dans le
cours de notre vie, particulière dans la vie scolaire. Et Les nouveaux Contes
d’Amadou Coumba de Birago Diop constitue un recueil incontournable pour
revivre les contes sénégalais.
Voilà pourquoi Léopold Sédar Senghor souligne dans sa préface
que Birago Diop « rénove [...] en les traduisant en français, avec un art qui,
respectueux du génie de la langue française — cette « langue de gentillesse et
d'honnêteté » —, conserve, en même temps, toutes les vertus des langues
négro-africaines. » Certains contes sont explicitement destinés aux enfants vu les thèmes et le style simple du conteur. Nous
étudierons la vie et l’œuvre de l’auteur, le résumé, la structure et les thèmes
et moralités.
I. Vie et œuvre de l’auteur
1. Biographie de l’auteur
Diop, Birago (1906-1989) est un écrivain sénégalais
d'expression française, il rend hommage à la tradition orale de son pays en
publiant des contes. Né près de Dakar, il reçut une formation coranique et
suivit aussi les cours à l'école française. Pendant ses études de médecine
vétérinaire, à Toulouse, il s'associa à la fin des années 1930 au mouvement de
la Négritude qui comptait alors Senghor, qui fait la préface des nouveaux
contes d'Amadou Koumba. . Il marque dès son premier livre son goût pour la
tradition orale des griots. Sa carrière diplomatique et son retour à son métier
de vétérinaire à Dakar n'entravèrent pas son exploration de la littérature
traditionnelle africaine. Il publie la Plume raboutée et quatre autres volumes
de mémoires de 1978 à 1989.
Les Nouveaux Contes d'Amadou Koumba est un recueil de contes
du Sénégal faisant suite aux Contes d'Amadou Koumba, transcrits par Birago Diop
d'après les récits du griot Amadou, fils de Koumba, et publiés pour la première
fois en 1958.
2. Bibliographie
Birago Diop a écrit des récits mais aussi des poésies. Entre
autres, il fait paraitre
Contes d’Amadou Koumba
Nouveau contes d’Amadou Koumba
Contes et Lavanes
L’Os de Mor Lam
Contes d’Awa
Leurres et Lueurs (poésie)
La Plume rabouté
A rebrousse-temps
A rebrousse-Gens
II. Le résumé
Bouki, à cause de la famine, ne trouvant rien à manger,
devint très maigre. Et « Lasse de trottiner et de trainer la patte
derrière les furtifs lézards et les véloces ratons qui se moquaient visiblement
de son allure titubante. »
Bouki se refugia chez le Lion. Gayndé voyant Bouki au milieu
de ses petits « avait éprouvé une
souriante et douce pitié » Toutefois « Gayndé-le –Lion avait
recueilli Bouki-l’Hyène dans un piteux état aux jours de disette dans le
pays » Il l’hébergea ainsi dans sa demeure, et même le nourrissait.
Et Bouki grossissait, mais sa disponibilité se réduisait, ce
qui se traduisait par un comportement pour le moins arrogant et insolent ;
de telle sorte que les lionceaux en firent la remarque à leur père.
Pour lui donner un avertissement, Gayndé tua à la chasse une
hyène, et pas n’importe laquelle, mais une hyène telle Bouki n’en avait jamais
vu. Voilà la description du conteur que
le conteur décrivit ainsi : « Devant elle, gisait, tripes au soleil,
échine fendue jusqu’aux fesses basses, la plus grosse des hyènes, dont la mère
de sa mère n’avait jamais parlé dans ses contes les plus flatteurs pour sa
race. La proie de Gayndé était aussi grande que le plus fort des taureaux que
Bouki eût jamais aperçus de loin aux temps d’abondance, dans le troupeau de
Madal Poulo, le berger. » (p.171)
Apparemment Bouki avait compris l’avertissement. Mais avec le
temps, il oublia. Il continua à chausser les sandales de Gayndé, devenait moins
serviable, et plus insolente encore.
Un jour en revenant de la chasse, Gayndé rencontre
Leuk-le-Lièvre. Celui-ci se proposa de l’aider à transporter ses prises.
En chemin, Gayndé avait tué Ndiougoupe-la-Chauve-Souris qui
se moquait de lui, puis ce fut le tour de Bèye-la-Chèvre qui mourut à cause de
son impertinence. Ils se moquaient de Gayndé parce qu’il avait hébergé Hyène.
Dans sa maison, ils trouvèrent Hyène en train de dormir.
Celle-ci, réveillée, pesta.
Gayndé demanda à Bouki de faire le partage. Mais le partage
ne plut pas à Gayndé. Il frappa la gueule de Bouki en « lui arrachant
l’œil gauche, qui passa tout près du nez frétillant de Leuk-le-Lièvre »
(p.174)
Le partage est pris en charge par Leuk qui donna tout à
Gayné.
III. La structure du conte
Le conte s’est construit tel une composition musicale avec
comme refrain les accusations des enfants qui informent leur père des
agissements de leur singulier pensionnaire Bouki.
« Père, Bouki-l’Hyène a essayé tes sandales, et
celles-ci lui vont impeccablement »
1. La situation initiale
Bouki a comblé son manque. De la page 167 à la page 170,
Gayndé avait d’autres soucis. Alors le conteur fait un retour en arrière et
rappelle la misère de Bouki avant de venir chez son hébergeur. Et il fut traité
comme un digne et respectable hôte. Il est même responsabilisé par Gayndé.
2. Les péripéties
On assiste aux changements de comportement et à la transformation
physique de Bouki. De la page 170 à la page 172
1re péripétie :
Bouki est allé trop loin avec ses plaintes, et cette fois-ci Gayndé s’en est
rendu compte. Une décision est prise par le roi de la forêt d’avertir son hôte.
Il lui donna une leçon en tuant une grosse Hyène. Bouki changea de
comportement. Une amélioration fut notée dans le comportement de ce dernier.
2ème péripétie :
Leuk entre dans la danse en accompagnant Gayndé chez lui. Une fois arrivé,
Gayndé demande à Bouki de faire le partage des proies de la chasse. Le partage
mal fait de Bouki et le jugement du roi ne se fait pas attendre. Il le tua d’un
coup de patte. Jugement qui rappelle d’ailleurs celui du roi dans Les Fables
de Jean La Fontaine "Les animaux malades de la peste" affirme que
« Selon que vous serez puissant ou
misérable, / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir»
3. La situation finale
De la page 172 à la page 175, on assiste à la dernière
épreuve que Gayndé soumet à son hôte. La fin tragique pour Bouki qui meurt
puisqu’il n’a pas réussi à faire le partage tel que le veut le propriétaire du
gibier ; et Leuk, lui, fait le partage en octroyant toutes les parts au
Lion. Celui-ci épargna sa vie. La fin est ainsi malheureuse pour Bouki, et
heureuse pour Leuk. Lion interrogea Leuk sur son partage.
« - Et qui t’a appris à si bien faire un partage, Oncle
Leuk ? s’étonna Gayné-le-Lion.
- - L’œil
gauche de Bouki-l’Hyène, qui a frôlé la pointe de mon nez ! » (p.175)
Voilà ce qu’on dit Bouki a abusé de la bonté de son hôte. Il
en a fait les frais.
IV. Les actants
Ce sont des animaux. On comprend que ce conte soit
essentiellement destiné à l’éducation des enfants dans la pure tradition des
sénégalais. Aussi les actants choisis sont très communs dans l’univers de
contes, et représentent par là des caractères et des comportements.
Gayndé : il est le roi, à défaut le chef de
famille qui décide de tout. Il entretient ses enfants. Il est fort et
redoutable, ce qui lui permet d’imposer sa loi; la loi du plus fort.
Bouki : il symbolise la gourmandise et l’idiotie.
Très opportuniste, et très méprisable, sa naïveté le perd souvent.
Leuk : il est le malin, et par excellence le
contraire et l’ennemi de Bouki. Souvent, il est à l’origine des mésaventures de
celui-ci. Dans la quête de Bouki, Leuk est toujours l’opposant.
V. Les thèmes et moralités
1. L’hospitalité
Bouki a abusé de l’hospitalité de son hôte. Il faut partir
tant qu’il est temps. Ne jamais vivre sur le dos des gens.
Il semble que ce conte-là est une somme de proverbes vérifiés
par le récit.
Autant l’attitude de Bouki, se réfugiant chez Gayndé est
surprenante, autant la décision de Gayndé de lui épargner la vie et, par-dessus
le marché, lui demander de s’occuper de sa proie est étrange, voire fabuleuse.
Chaque attitude de Gayndé suscite des interrogations ?
Là, on peut dire qu’ "il y a anguille sous roche", autrement dit
cela n’augure rien de bon pour Bouki ; certainement Gayndé a une idée derrière la
tête. Mais quoi ?
Et Bouki, lui-même n’en croyait pas ses oreilles : non
seulement il pouvait penser qu’il se jetait dans la gueule du lion en
s’invitant chez lui, mais quelle surprise que de se voir proposer de s’occuper
la prise de Gayndé. Aussi se mit-il à trembler « de tous ses membres et de
ses flancs aplatis ». La gourmandise de Bouki se révèle ici. Cet autre
caractère propre à l’Hyène fait penser à un autre proverbe : « a beau
chasser le naturel, il revient au galop »
Encore une fois, le conteur utilise l’hyperbole pour peindre
ce caractère : « les forces lui revenant rien qu’à la vue et à
l’odeur de toute cette chair, de toutes ces tripes qui fumaient encore, de tout
ce sang dont le sol gourmand n’attendait, lui, aucune permission pour en prendre
sa part » (p. 169)
Il enfreint un interdit dans la coutume des sénégalais, à
savoir on ne parle pas la bouche pleine de nourriture. Mais face à la
« bonté extraordinaire» de Gayndé, il ne pouvait attendre de terminer
pour remercier. Le ton du griot est dans le remerciement « Ndiaye !
N’Diaye ! ! Gayndé N’Diaye ! merci ! » disait-il.
2. La gourmandise
C’est à la fois un défaut et un péché. On le voit avec Bouki,
c’est en réalité sa gourmandise qui l’empêche de réfléchir. Oui, elle remplit
son ventre sans prêter attention à la réaction des lionceaux, encore moins à
celle de Gayndé. Et d’ailleurs, on peut dire qu’il a « la mémoire au fond
du ventre ». A chaque fois qu’il voit la viande, il adopte un comportement
étrange : voici comment le conteur le dépeint à l’occasion : il mange
« la gueule pleine », « Elle mangea, ce jour-là, pour tous les
autres jours, pour toutes les semaines et même pour toutes les lunes qu’elle
avait jeûné par la force des choses et non par dévotion » (p.169) dans de
pareils cas, on dit de quelqu’un qu’ « il ne croit pas en Dieu »
Pour de la nourriture, Bouki est capable de se faire piétiner
par les lionceaux. Il se montre ainsi sans vergogne, acceptant que les
lionceaux jouent sur son ventre ; c’était le prix à payer pour avoir été
hébergée par leur père et profiter de ses prises de chasse.
Bouki, voulant rester pensionnaire de Gayndé, se mit à jouer
le rôle de bonne de maison et « avait nettoyé la maison, fait le ménage,
amusé les enfants ». En plus, elle se montrait très prompte à s’occuper des proies
que le maître de maison ramenait de la chasse, très empressée d’exécuter les
ordres du maitre des lieux.
La ruse de Gayndé est une première épreuve que Bouki devait
passer pour mériter de continuer à loger chez Gayndé : Gayndé cacha le
gibier derrière l’enclos, et rentra dans la maison la gueule vide. Et Bouki
resta presque sourde à ses appels.
Mais quand Bouki fut en présence de la bête tuée par Gayndé,
au lieu de réfléchir à l’attitude de Gayndé, sa gourmandise l’empêcha de
comprendre l’épreuve de son hôte.
VI. Le style du conte
Ce conte est amusant. Il l’est surtout car le récit est
parsemé d’humour. L’humour est obtenu grâce à des figures de style telles que
l’hyperbole et la comparaison pour présenter l’état physique de Bouki
« Bouki était alors si maigre et si efflanquée que l’on voyait le soleil à travers ses
côtes. Son poil était, alors, piqué et mité aux endroits où il en
existait encore, et ses coudes et ses
fesses étaient aussi nus que le derrière rougeoyant de
Golo-le-Singe.» (p.168)
« Lasse de trottiner et de traîner la patte derrière les
furtifs lézards et les véloces ratons qui se moquaient visiblement de son
allure titubante. »
Le refrain est caractéristique du conte. En effet, les
lionceaux répétaient les mêmes griefs à leur père, face à l’arrogance du
pensionnaire Bouki.
L’utilisation du proverbe est un moyen pour formuler à la
fois le conseil et l’avertissement : (« un large détour s’impose
quand on trouve un nid de lionceaux »)
Mais le conteur sous-entend d’autres proverbes sur le
comportement d’un hôte.
« Laisse mouton pisser tabaski viendra », semble
dire Gayndé à ses petits lionceaux, mais ceux-ci n’avaient rien compris.
Conclusion
Ce conte est un banc d’essai pour illustrer quelques sagesses
de vie dans la société africaine, et particulièrement dans la société
sénégalaise. « Si on te donne tout, ne prend pas tout ».
En fait, on aura compris que Gayndé attendait un motif
valable pour tuer Bouki. Par conséquent, il l’engraissait pour le jour où il
rentrerait bredouille de sa chasse.
10 commentaires:
exactement ce qu'il me faillais pour mon exposée vraiment c'est éxéllent
merci d'avance
Lors d'un séjour de deux mois au Togo,en panne de lecture,j'ai découvert les contes de Birago Diop ainsi que les oeuvres de Sanghor. Je peux affirmer que cette littérature africaine m'a vraiment conquis. Que tous les protagonistes des ces ouvrages sont le vrai reflet des comportements humains.
merci beaucoup
J voudrais un aperçu du conte djabou ndaw
Aperçu du résumé djabou ndaw
Merci beaucoup
Merci bien !
Qui est le véritable héros de ce conte?
Gayndé-le-lion
Qu'avez-vous aimé dans ce conte ?
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