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Adama Ndao, professeur de lettres modernes au lycée Ahoune Sané de Bignona, présentement au lycée Demba Diop de Mbour analyse ici ses lectures et des œuvres au programme dans l'enseignement du Sénégal. Abonnez-vous pour suivre les posts et l'actualisation des publications.
mercredi 1 mai 2024
Le romancier : entre réalisme et subjectivité
Critères de réalisme dans un roman Il s’agit de propose une expression
impersonnelle, un langage objectif, le travail, une copie du réel. Bref, l’écrivain
réaliste doit être fidèle à ce qu’il observe. |
Peindre une réalité pure impossible L’écrivain réaliste étant
un artiste, il doit faire preuve d’artifice, de fantaisie dans sa création. Il
a recours à sa sensibilité exacerbée, à sa vision personnelle, à son
tempérament, son originalité. |
- le héros est un individu
ordinaire avec ses défauts, ses qualités, proche du lecteur. Meursault est un homme ordinaire, simple qui aime les plaisirs de la vie, il a les besoins communs que le lecteur : « Marie est venue, j'ai eu très envie d'elle » - les questions sociales telles que la pauvreté, la corruption, l'amour, la violence, le suicide, le racisme, l’exclusion, les classes sociales, la justice sont abordées. - le style est simple et respecte les niveaux de langues de la société dépeinte : chaque milieu social a son propre vocabulaire ; chaque catégorie professionnelle, son vocabulaire spécialisé. - l’histoire racontée est ancrée dans un contexte historique précis avec des toponymes et des références temporelles précises. - le fait divers réel peut
être à l’origine du réalisme dans le roman. - la documentation de l’auteur
alimente son roman. Cela donne du crédit à son réel, car les informations
dans le roman sont exactes. Avant de décrire Madame Bovary se suicidant à l’arsenic, Gustave Flaubert a dû se renseigner sur les symptômes de ce poison pour coller à la réalité. - l’effacement du narrateur par l’adoption un narrateur externe témoin donne l’impression au lecteur qu’il est en face de ce qui se passe. - Il varie les points de
vue pour offrir une image complète de la réalité. Il évite de ce fait le parti
pris qui nuirait à l’objectivité, et permet au lecteur qui voit la scène sous
différents angles de se faire son opinion. |
Flaubert aurait dit cette formule apocryphe « Madame Bovary, c’est moi ». Une façon de montrer que certaines caractéristiques de l’héroïne de son œuvre s’inspirent de sa propre vie. - Une action simplifiée du réel prouve que le romancier a opéré à des choix, ce qui exclut de facto son objectivité. - Le romancier est subjectif.
Il connaît le réel mais il propose une réalité autre, vraisemblable. Le surréaliste Louis
Aragon soutient : « L’art du romancier
est de savoir mentir mais mentir en créant l’illusion de vérité ». Rousseau affirme dans ses Confessions « Je me suis montré tel que je fus …j’ai dévoilé mon intérieur tel que tu l’as vu… » : le roman devient ainsi une autobiographie. Mais, il livre des souvenirs selon sa sensibilité ou sa subjectivité, ce qui peut nuire à la véracité de son histoire. - le roman n’est que l’illusion de la réalité. Maupassant faisait remarquer, dans sa préface à Pierre et Jean, que « les Réalistes de talent devraient s’appeler plutôt des Illusionnistes » - le romancier se cache
derrière un ou des personnages pour dire ses idées, ses intentions. Pourquoi
certains lecteurs ont pensé, à tort, que le roman Une si longue lettre
est une autobiographie. Qu’est-ce qui pourrait provenir d’elle, caution de la
présence de la sensibilité et des engagements personnels de l’auteure Mariama
Ba ? Pour Camus, le romancier
aussi écrit suivant ses intentions, son désir comme le dit « le monde romanesque n’est que la
correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l’homme. » - le roman peut proposer
un réel purement imaginaire. - Un univers repensé,
comme le sent le créateur du roman, en l'occurrence le romancier. Le cas de l’utopie dans le
roman montre que le romancier choisit de peindre un monde tel qu’il le
désire, c’est-à-dire tel qu’il voudrait que le sien exagérément soit. Voir
l’Abbaye de Thélème dans Gargantua de Rabelais. |
mardi 26 mars 2024
Correction résumé : la reformulation
Exercice 1 : Reformule le passage souligné en utilisant un ou deux mots. (4 pts)
Tandis qu'il marchait, il chantait une complainte.
-
En marchant, il chantait une complainte.
L'étudiant qui n'était pas présent ce jour-là n’a pas
bénéficié de renforcement.
-
L’étudiant absent est privé de renforcement.
Lorsque le laboureur est fatigué de marcher, il enfourche
son cheval pour aller plus vite.
Étant fatigué de marcher, le Laboureur prend son cheval.
Cet appareil est à l’épreuve des chocs les plus violents.
Cet appareil est…………...
Exercice 2 : Réduis en reformulant chaque énoncé au
nombre de mots entre parenthèses. (4 pts)
Cet édifice d’une vingtaine d’étages a été construit par un
expert du bâtiment. (5 ou 6 mots)
Un architecte construisit cet immeuble.
Les services sanitaires ont entrepris cette année une
campagne destinée à éviter à la population de contracter la maladie. (9 mots)
Les médecins sensibilisèrent la population sur cette
maladie.
Exercice 3 : Reformule ces phrases en une seule en
deux étapes. (4 pts)
a) Propose le connecteur approprié pour relier ces deux
phrases.
L’élève a obtenu une bonne note parce qu’il a révisé sa
leçon. Donc le proviseur et le censeur lui ont donné une récompense.
b) Puis reformule-les en une seule phrase de sorte à se
retrouver avec au maximum 6 mots.
L’administration récompensa le meilleur élève.
Exercice 4 : Réponds aux questions proposées. (8 pts)
Le cheval sert
dans la culture des champs en milieu rural. Il traine la charrue qui creuse les
sillons. Lorsque le laboureur est fatigué de marcher, il l'enfourche pour aller
plus vite. Aujourd’hui, cet animal domestique participe au décor des villes, et
assure le transport de certaines marchandises. Par temps de manque de véhicule,
le cheval attelé à une calèche fait office de moyen de locomotion. L'utilité de
cette bête de somme est indéniable.
a) quel est le thème du texte ? relève des mots qui
justifient ta réponse. (2 pts)
Le thème : le cheval
« Cheval », « animal », « bête «
b) Propose un résumé de ce texte entre 18 et 24 mots. (les
passages barrés ne seront pas pris en compte dans le résumé) (6 pts)
Destiné à la culture, le cheval sert aussi au transport. Mais
actuellement en ville, il participe au décor.
lundi 25 mars 2024
Le Classicisme dans le 17ème siècle
Introduction
Par ailleurs, la Préciosité est née dans les salons et exprime un idéal social et artistique. Elle est caractérisée par le raffinement et la galanterie. Ce sont des femmes comme Mlle de Scudéry qui créent ce courant.
Mais le Classicisme va dominer ce siècle en France.
1. Le contexte socio-culturel
Le 17ème siècle en France fut marqué des différends religieux. Au sortir de la guerre des religions au siècle précédent, voilà que surgit l’opposition entre les jésuites qui affirment que l’homme est responsable de son salut par ses actes, alors que pour les jansénistes, seul Dieu choisit ses élus. Ces derniers furent condamnés et leur ordre fut persécuté.
Au plan politique, on
assiste à la domination du roi Louis XIV, « Roi-Soleil ». Il accède
au pouvoir en 1661, et impose la monarchie absolue où le roi détient tous les
pouvoirs et prive les nobles de leur poids politique. Il se considère comme un représentant de Dieu sur
Terre.
Sur le plan social,
les bourgeois profitant du même enseignement religieux que les aristocrates bénéficient de la même
culture gréco-romaine; de plus il profite de la dévalorisation de la haute bourgeoisie par le
roi Louis XIV. Ces deux classes sont ainsi mises en scène dans les œuvres littéraires
classiques.
Au plan littéraire,
on assiste à la création de l'Académie française par Richelieu en 1634.
2. Le Classicisme
Le courant classique, à l’image de l’humanisme, veut améliorer l’homme en imitant les anciens savants de l’antiquité. Mais, au lieu de le pourvoir de savoir seulement, le Classicisme veut façonner les comportements de l’homme universel.
Il veut mener ce
projet par des œuvres qui cherchent à « plaire et instruire ». Cela
est facilité par le mécénat instauré par le roi, et qui consiste à assister les
artistes en leur donnant une pension.
A la fin, il s’agissait
de construire « l’honnête homme » qui devait être simple, courtois,
instruit, sociable, galant. Pour cela, il fallait peinture les passions et les
sentiments, qui dominent l’homme. La vérité et la nature deviennent les
maître-mot du mouvement.
Molière dans la Critique de L' École des Femmes dit : « Lorsqu'on peint les hommes,
il faut peindre d'après nature ».
La Fontaine affirme qu’«
Il ne faut pas quitter la nature d'un pas ».
Boileau, dit : « Que la nature donc soit votre étude unique »,
il ajoute « Rien n'est beau que le vrai,
le vrai seul est aimable. »
Les auteurs adoptent
des genres littéraires variés. Ils instaurent aussi des règles théorisées par
Nicolas Boileau dans son Art poétique. Dans le théâtre, il y a trois
grandes règles contraignantes : la règle des trois unités, (de temps, de
lieu, d’action), la règle de bienséance et celle de la vraisemblance. Le but
de la tragédie est ainsi de purger l’homme de son excès de passion, par la
catharsis : il faut susciter la peur et la pitié pour purifier le public
de ses excès de passion.
Dans la comédie, la seule règle était de plaire « castigat ridendo mores » c’est-à-dire « corriger les mœurs en faisant rire ».
Les moralistes, eux, peignent des comportements
pour donner des leçons dans une argumentation indirecte.
3. La querelle des anciens et des modernes
La querelle des anciens et des modernes marquera la fin du classicisme et annoncera le siècle des Lumières.
Les « Modernes »
comme Pierre Corneille, Charles Perrault et Pierre Fontenelle s’opposent aux
Anciens qui prennent modèle les auteurs grecs et latins, à l'image de Jean de La
Fontaine ou de Jean Racine.
Conclusion
On voit que le 17ème siècle est riche de ses courants, qui s’opposent et se font parfois écho. Mais le classicisme domine de loin car il a un but plutôt universel qui est favorisé l’ « étiquette » et le fait de vouloir éduquer, voire de façonner un type d’individu à la mode à l’époque. L'ordre, la simplicité, l'équilibre, la sobriété, l'harmonie, le sens de la mesure sont à l’origine de cet honnête homme sociable qui est capable de dominer ses passions pour éviter de succomber aux excès. Il n’est sujet à aucune passion, car il est modéré, pondéré et réfléchi. Citons Boileau Chant III de l’Art poétique pour résumer :
« Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage
:
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. »,
« N'offrez rien au lecteur que ce qui peut lui
plaire
Ayez pour la cadence une oreille sévère. »
« Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée
Ne peut plaire à l'esprit quand l'oreille est blessée. »
« Surtout qu'en vos écrits, la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours
sacrée. ».