mercredi 16 avril 2008

Les outils pour analyser un texte selon le type que vous avez devant vous

Le texte narratif

La structure du texte
Le rapport dialogue/récit,
analyse/récit, descriptif/récit
Les marques temporelles
Les temps grammaticaux
Le mode de narration
Situation du narrateur par rapport au récit,
L’énonciation ( distance, implication personnelle)
Le mode de focalisation
Le vocabulaire appréciatif/dépréciatif
Récit objectif/subjectif
Les connotations
Les hyperboles, les euphémismes

Le texte argumentatif

Les liens logiques
La ponctuation
Les champs lexicaux
L’énonciation
Les métaphores Allégories
Les anaphores


Le texte descriptif

Les indicateurs de lieux
Le mode de focalisation(À travers quel regard ce qui est décrit est-il perçu?)
Les champs lexicaux
Le vocabulaire appréciatif/dépréciatif
Description objective, subjective, réaliste,
idéalisée ?
Les hyperboles
Les comparaisons et les métaphores
Les connotations

L’exercice suivant propose des textes, et vous n’avez qu’à déterminer le type de texte et de vous fonder sur les tableaux ci-dessus pour trouver les outils d’analyse contenus dans chacun d’eux et, par conséquent y dégager les axes de lectures. Ce travail vous mènera vers la rédaction pour une explication ou un commentaire du texte.

Texte 2 : La Pension

Cette pièce est dans tout son lustre au moment où, vers sept heures du matin, le chat de madame Vauquer précède sa maîtresse, saute sur les buffets, y flaire le lait que contiennent plusieurs jattes couvertes d’assiettes, et fait entendre son ronron matinal. Bientôt la veuve se montre, attifée de son bonnet de tulle sous lequel pend un tour de faux cheveux mal mis ; elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées. Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez à bec de perroquet ; ses petites mains potelées, sa personne dodue comme un rat d’église, son corsage trop plein qui flotte, sont en harmonie avec cette salle où suinte le malheur, où s’est blottie la spéculation, et dont madame Vauquer respire l’air chaudement fétide sans en être écoeurée. Sa figure fraîche comme une première gelée d’automne, ses yeux ridés, dont l’expression passe du sourire prescrit aux danseuses à l’amer renfrognement de l’escompteur, enfin toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne. Le bagne ne va pas sans l’argousin, vous n’imagineriez pas l’un sans l’autre. L’embonpoint blafard de cette petite femme est le produit de cette vie, comme le typhus est la conséquence des exhalaisons d’un hôpital. Son jupon de laine tricotée, qui dépasse sa première jupe faite avec une vieille robe, et dont la ouate s’échappe par les fentes de l’étoffe lézardée, résume le salon, la salle à manger, le jardinet, annonce la cuisine et fait pressentir les pensionnaires. Quand elle est là, ce spectacle est complet. Agée d’environ cinquante ans, madame Vauquer ressemble à toutes les femmes qui ont eu des malheurs. Elle a l’œil vitreux, l’air innocent d’une entremetteuse qui va se gendarmer pour se faire payer plus cher, mais d’ailleurs prête à tout pour adoucir son sort, à livrer Georges ou Pichegru, si Georges ou Pichegru étaient encore à livrer. Néanmoins, elle est bonne au fond, disent les pensionnaires, qui la croient sans fortune en l’entendant geindre et tousser comme eux. Qu’avait été monsieur Vauquer ? Elle ne s’expliquait jamais sur le défunt. Comment avait-il perdu sa fortune ? « Dans les malheurs », répondait-elle. Il s’était mal conduit envers elle, ne lui avait laissé que les yeux pour pleurer, cette maison pour vivre, et le droit de ne compatir à aucune infortune, parce que, disait-elle, elle avait souffert tout ce qu’il est possible de souffrir. En entendant trottiner sa maîtresse, la grosse Sylvie, la cuisinière, s’empressait de servir le déjeuner des pensionnaires internes.
Honoré de Balzac, Le Père Goriot (1835)

Texte 2 : Un jugement

A sept heures et demie du matin, on est venu me chercher et la voiture cellulaire m'a conduit au palais de justice. Les deux gendarmes m'ont fait entrer dans une petite pièce qui sentait l'ombre. Nous avons attendu, assis près d'une porte derrière laquelle on entendait des voix, des appels, des bruits de chaises et tout un remue-ménage qui m'a fait penser à ces fêtes de quartier où, après le concert, on range la salle pour pouvoir danser. Les gendarmes m'ont dit qu'il fallait attendre la cour et l'un d'eux m'a offert une cigarette que j'ai refusée. Il m'a demandé peu après " si j'avais le trac ". J'ai répondu que non. Et même, dans un sens, cela m'intéressait de voir un procès. Je n'en avais jamais eu l'occasion dans ma vie : " Oui, a dit le second gendarme, mais cela finit par fatiguer. "
Après un de temps, une petite sonnerie a sonné dans la pièce. Ils m'ont alors ôté les menottes. Ils ont ouvert la porte et m'ont fait entrer dans le box des accusés. La salle était pleine à craquer. Malgré les stores, le soleil s'infiltrait par endroits et l'air était déjà étouffant. On avait laissé les vitres closes. Je me suis assis et les gendarmes m'ont encadré. C'est à ce moment que j'ai aperçu une rangée de visages devant moi. Tous me regardaient : j'ai compris que c'étaient les jurés. Mais je ne peux pas dire ce qui les distinguait les uns des autres. Je n'ai eu qu'une impression : j'étais devant une banquette de tramway et tous ces voyageurs anonymes épiaient le nouvel arrivant pour en apercevoir les ridicules. Je sais bien que c'était une idée niaise puisque ici ce n'était pas le ridicule qu'ils cherchaient, mais le crime. Cependant la différence n'est pas grande et c'est en tout cas l'idée qui m'est venue.

Albert CAMUS, L'Etranger, Gallimard, 1942, pp. 127-129.

Texte 3 : Samba Diallo écoute le Chevalier

-Donc, on peut travailler par nécessité pour faire cesser la grande douleur du besoin, celle qui sourd du corps et de la terre, pour imposer silence à toutes ces voix qui nous harcèlent de demandes. On travaille alors pour se maintenir, pour conserver l’espèce. Mais on peut travailler aussi par avidité ; dans ce cas, on ne cherche pas seulement à obstruer le trou du besoin ; il est déjà pleinement comblé. On ne cherche pas même à devancer la prochaine échéance de ce besoin. On accumule frénétiquement, on croit qu’en multipliant la richesse on multiplie la vie. Enfin, on peut travailler par manie du travail, je ne dis pas pour se distraire, c’est plus frénétique que cela, on travail par système. Il en est du travail comme de l’acte sexuel. Tous deux visent la perpétuation de l’espèce. Mais tous deux peuvent avoir leur perversion : chaque fois qu’ils ne se justifient pas par cette visée.
Cheikh Hamidou Kane, L’aventure ambiguë, Julliard, 1961. p. 110.

2 commentaires:

RaBia a dit…

Trés intérésant,grace a VOUS,j'espérerai grooo dan mon devoir de controle de lecture(Chui en premiére S2,) sur Pére Goriot.....Merci beaucoup.Tréé intérésan ton blog,ne vous inquiété pas je feré de le pub pour ton blogspot.Alé bonne continuation.

RaBia a dit…

oh j'ai une erreur de frappe de le pub au lieu de le pub.(je sé k l prof de francé son allergik ô faute)