lundi 28 avril 2008

Etude : Ascension sociale dans Le Père Goriot

Introduction

Le XIXème siècle est un siècle marqué par l’émergence du capitalisme qui aura comme conséquence la division de la société en deux classes : la bourgeoisie et le prolétariat. Ainsi dans cette société, l’argent est le maître mot, la réussite sociale, le but de tout le monde.
Balzac, à l’instar des écrivains réalistes, s’intéresse aux mœurs sociales à travers son roman, Le Père Goriot qu’il publie en 1834, où le ressort de l’action est l’ascension sociale des personnages. L’étude de ce thème s’intéressera d’abord à la puissance de l’argent, ensuite à l’arrivisme de Rastignac et enfin à la misère morale de la vie parisienne.

I. La puissance de l’argent
En se mariant, les filles de Goriot ont renié leur père. Ainsi, dans ce monde, le « dieu » argent est le seul moyen de s’affirmer, c’est pourquoi Vautrin affirme : « la fortune est la vertu ». A travers le personnage Vautrin, Balzac dénonce les injustices sur lesquelles se fonde l’ordre social. L’argent ici est lié au mal ; le baron Taillefer dépouille sa famille au profit de son fils, en s'accaparant l'héritage de cette dernière.
L’argent n’aurait peut-être pas été ce pouvoir de séduction si la société était fondée sur des valeurs morales élevées ; or la société, selon toujours Vautrin, n’accorde d’estime qu’à l'homme riche « si je réussis personne ne me demandera qui tu es ? je serais M. 4 million citoyen des U. S. A »  dit-il.
L’argent dans cette société parisienne conditionne presque tous les personnages du roman.

Mme Vauquer : Tenancière de la pension, Mme Vauquer est obsédé par le gain ; et ses rapports avec les pensionnaires sont déterminés par la richesse ou la pauvreté de ces derniers.
Sa cupidité est montrée par son désarroi quand les pensionnaires menaçaient de quitter la pension. Devinant que le père Goriot avait de la fortune, elle envisage de se marier avec lui. Mais quand elle découvre les difficultés financières de ce dernier, elle lui prête tous les défauts et dit du mal de lui. Sa haine ne fut pas en raison de son amour, mais de ses espérances trompées.

Vautrin : Autrement appelé Jean Collin, Vautrin est un prisonnier évadé qui tente de cacher sa véritable identité. Il essaie de donner à Rastignac des leçons pour devenir riche en tuant le père de Victorine Taillefer.

Le couple M. Poiret et Mme : Ce couple va dénoncer Vautrin à la police pour gagner la récompense promise pour la capture du prisonnier évadé.

II. L’arrivisme de Rastignac

L’arrivisme de Rastignac se dévoile à travers son parcours. Nouveau bachelier aux lettres et droits, il quitte la province pour venir à la capitale Paris pour continuer ses études. D’abord marqué par sa naïveté, il parvient à dépasser ses illusions d’adolescent en commençant sa formation qui consiste à regarder, à écouter puis à pénétrer dans la haute société parisienne. Ainsi Rastignac devient ambitieux malgré la pauvreté financière de sa famille.
Pour conquérir cette société, il le sait, il faut conquérir les femmes. Dès lors, il utilisera l’arme fatale de la séduction pour arriver à ses fins. Aidé par Mme Beauséant, il parvient à séduire d'abord Anastasie de Restaud puis sa soeur Delphine de Nucingen, la fille du père Goriot. Le personnage arrivera à la lucidité après la mort du père Goriot. Devenu calculateur et arriviste sûr de lui-même, il lance un défi à la ville de Paris : « A nous deux maintenant ».

III. La misère morale de la vie parisienne

Ce roman fait une peinture des vices de la société parisienne. Parmi ces vices qui montrent la misère morale on peut citer : l’adultère, le vol, le mensonge, la cupidité, le meurtre, l’homosexualité, etc.
Cependant, la misère morale de cette société est surtout montrée par les relations existant entre les deux sœurs, Anastasie et Delphine et leur père.

1. Les deux soeurs
- Anastasie de Restaud est la fille aînée de Goriot. Elle épousera le comte de Restaud, pour obtenir un rang social, au moment où celui-ci veut profiter de la richesse de son gendre.
- Delphine de Nucingen est la fille cadette de Goriot qui épouse le baron Frédéric de Nucingen pour les mêmes raisons que sa sœur. Elle aura une liaison avec Rastignac.
Même si elles sont des sœurs, ces personnages ne s’aiment pas pour autant. Leur dispute sera même à l’origine de la mort de leur père qu’elles ont abandonné parce que, financièrement, il ne peut plus rien pour elles. Aussi sont-elles marquées par leur ingratitude envers leur propre père qui s’est pourtant sacrifié pour leur bonheur.

2. La déchéance du père Goriot

Cette déchéance peut être analysée à trois niveaux : physique, affective ou morale et économique. Au niveau physique, cette déchéance est montrée par la dégradation de la santé de Goriot qui finira par mourir dans une souffrance atroce. Cette souffrance est en réalité causée par celle affective. En effet, après la mort de sa femme, il sera abandonné par ses propres filles qui ont même honte de lui. C’est la passion, l’amour qu’il éprouve pour ces filles qui sera à l’origine de sa déchéance économique. Le père Goriot « Christ de la paternité », malade, lassé par l’inquiétude et l’indifférence de ses filles meurt dans les bras de Rastignac qui conduira seul son cercueil au cimetière. En effet, le père Goriot a utilisé toute sa fortune pour le bonheur de ses enfants.

Conclusion

Respectant l’esthétique réaliste, Balzac est parvenu dans son roman à faire une peinture fidèle de la société capitaliste du 19ème siècle en mettant en relief le rôle que l’argent y joue. Comme mot de la fin, nous l’emprunterons au roman pour caractériser sommairement cette société : « L’argent, c’est la vie », page 246.

1 commentaire:

pacman a dit…

Bonjour, vos analyses sont très bien faites mais j'ai remarqué une faute. Dans l'ascension de Rastignac, il est écrit: "il parvient à séduire Anastasie de Restaud"
Cela est surement une faute d'inintention, en réalité il parvient à séduire Delphine de Nucingen.