vendredi 23 mai 2014

Bac 2014, préparer l'épreuve de français du bac au Sénégal


Le résumé et la discussion : apprenez à résumer des textes courts jusqu'à avoir le courage d'affronter un texte long. Vous verrez qu'un texte long est une succession de textes courts. (en résumé l'adage peut bien être : - qui peut le moins pourra le plus, à force de s'exercer).

Présents de la lecture

        Mais enfin le temps vient que l'on sait lire - événement capital - le troisième événement capital de notre vie. Le premier fut d'apprendre à voir ; le second d'apprendre à marcher; le troisième est celui-ci, la lecture, et nous voici en possession du trésor de l'esprit universel. Bientôt nous sommes captifs de la lecture, enchaînés par la facilité qu'elle nous offre de connaître, d'épouser sans efforts quantité de destins extraordinaires, d'éprouver des sensations puissantes par l'esprit, de courir des aventures prodigieuses et sans conséquences, d'agir sans agir, de former enfin des pensées plus belles et plus profondes que les nôtres et qui ne coûtent presque rien ; et, en somme, d'ajouter une infinité d'émotions, d'expériences fictives, de remarques qui ne sont pas de nous, à ce que nous sommes et à ce que nous pouvons être .
      De même que, sous le sommeil, il arrive, dit-on, que nous croyons vivre toute une existence, cependant que l'horloge ne compte que quelques secondes, ainsi, par l'artifice de la lecture, il se peut qu'une heure nous fasse épuiser une vie. (Paul VALÉRY)


Le monde menacé par le progrès

       L'apparition des progrès techniques et scientifiques dans la vie quotidienne ne va pas sans problèmes sérieux. Les villes qui devraient permettre de bénéficier du confort moderne connaissent un entassement qui y rend la ville pénible : encombrement automobiles, insuffisance des transports en commun, bruit. Il s'y ajoute la pollution de l'air due aux gaz lâchés par les automobiles ou les milliers de cheminées.
        Pour échapper à cette atmosphère pesante, le citadin, peut-il fuir vers la nature ? Oui à condition d'affronter les longues files de voitures qui quittent la ville chaque week-end vers une campagne qui recule de plus en plus devant les banlieues. Ira-t-il passer ses vacances au bord de la mer ? Il risque de la trouver polluée par le pétrole rejeté par les innombrables bateaux qui nettoient leurs cales, en mer ou font naufrage provoquant des " marées noires ". Pollution de l'air et de l'eau, disparition de la nature inquiètent les dirigeants des pays développés qui se demandent si la vie sera encore possible dans quelques dizaines d'années et qui commencent à prendre des mesures pour protéger " l'environnement ". (Science et vie Junior Juin 1989)

Le commentaire de texte : texte proposé

La mort de Fama

Une fois libéré, Fama veut retourner à Togobala, le village natal. Malheureusement, celui-ci est situé dans le pays voisin, et la frontière était fermée. Voulant passer quand même, Fama saute du pont sur la berge, mais il est attaqué et mortellement blessé par un caïman sacré. Les gardes frontaliers le ramassent et l’emmènent en ambulance.



     Il se réveilla. Deux infirmiers le maîtrisèrent sur le brancard ? Un autre agitait une seringue. A-t-il été piqué ? Fama l’ignorait, mais il voyait à nouveau, entendait à nouveau les pétards, les feux, les secousses, la poussière. Mais pourquoi Fama, qui allait à la puissance, au pouvoir, ne rêvait-il pas de lune ? N’est-il pas certain que rêvent toujours de lune ceux qui ont sur leur chemin la grande fortune, le grand honneur ? La lune… La lune de Fama… Sa lune ! La lune…
     Fama sur un coursier1 blanc qui galope, trotte, sautille et caracole. Il est comblé, il est superbe. Louange au Miséricordieux ! Mais Fama se retourne. Son escorte s’est évanouie. Où ont-ils disparu, mes suivants ? proteste-t-il. Il est seul, il sent la solitude venir, elle assaille, pénètre dans son nez qui souffle un nuage de fumée, balaie les yeux, répand les larmes, vide le cœur, remplit les oreilles de la nausée2 jusqu’à ce que pointe et sorte la queue fuyante et le manque, Fama les pourchasse. Soudain un éclair explose, éparpille l’air, le ciel et la terre, et le coursier se cabre au bord du gouffre3. Fama tremblote. Une prière. Tout s’arrange doux et calme, la douceur qui glisse, la femme qui console, et l’homme, et la rencontre d’un sous-bois frais et doux, et les sables menus et fins, et tout se fond et coule doucement et calmement, Fama coule, il veut tenter un petit effort.
     Fama avait fini, était fini. On en avertit le chef du convoi sanitaire.



Ahmadou Kourouma, Les soleils des Indépendances, pp.195-196, 1970.



Vous ferez de ce texte un commentaire suivi ou composé. Dans le cadre d’un commentaire composé, vous pourrez montrer comment le narrateur, par le biais de la ponctuation et de diverses figures, parvient à traduire une vision de Fama partagée entre un espoir d’élévation vers la gloire et une mort insidieuse.


La dissertation :

Dans la Préface de Marie Tudor, (1833), Victor Hugo écrit qu' « Il y a deux manières de passionner la foule au théâtre: par le grand et par le vrai. Le grand prend les masses, le vrai saisit l'individu ».

Connaitre Hugo est pour le moins important pour savoir qu'il milite pour le mélange des genre qui permet au théâtre de toucher tous les publics. 

Pourquoi le théâtre a-t-il de l'audience? Une question à laquelle répond cette citation. Le théâtre put toucher tout le monde par son caractère réaliste, proche de la vie. Il est spectaculaire, il est un art magnifique, au sens étymologique du terme.

Mais le théâtre s'adresse aussi par endroit à chaque spectateur capable de lire la vérité qui le concerne à travers de l'action, une vérité issue de l'éclat du conflit social?
Sujet

Conseils méthodologiques

Une maîtrise de la méthode est un gain de temps, et cela permet au correcteur de vous suivre dans votre logique. Selon la technique, bien respecter les recommandations des professeurs et s'exercer en conséquence suffisance.

Correction de l'expression

Certaines fautes irritent le correcteur, les accords de genre et de nombre en particulier. Or, de nos jours, les élèves les négligent couramment.
Les fautes de conjugaison aussi sont énervantes. Pourtant dans les épreuves, vous utilisez majoritairement le présent de l'indicatif.
Les accords du participe passé et des adjectifs entre autres poussent le correcteur à diminuer la note de la copie.
Etant donné que vous choisissez la plupart les mots que vous utilisez, assurez-vous que les mots que vous possédez soient bien orthographiés, et employés à bon escient. 
Mettez toutes les chances de votre côté! Ne négligez aucun détail car, dit-on, "le diable est dans le détail". 

Présentation

Aérez la copie, en faisant voir les parties et les sous-parties (particulièrement l'argumentation)
Adoptez une écriture agréable à lire, qui ne fatigue pas trop les yeux éprouvés des correcteurs.
Utilisez un stylo à ton lisible et qui ne crache pas l'encre pour salir la feuille.

Etude de PHÈDRE de Jean Racine

PHÈDRE de Jean Racine

INTRODUCTION

Le classicisme est un mouvement littéraire qui se développa en France, et plus largement en Europe, dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Il désigne un ensemble de valeurs et de critères qui définissent un idéal s'incarnant dans l’« honnête homme » et qui développent une esthétique fondée sur l'idéal de perfection. C’est cet idéal de perfection qu’on retrouve dans toutes les œuvres classiques et particulièrement dans PHEDRE. En effet dans cette pièce de théâtre Jean Racine écrit dans la préface que : « Les moindres fautes y sont sévèrement punies. La seule pensée du crime y est regardée avec autant d’horreur que le crime lui même. Les faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faiblesses. Les passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont cause ; et le vice y est peint partout avec des couleurs qui en font connaître et haïr la difformité. »

I.                   Biographie et bibliographie de Jean Racine

 1-   Biographie

Jean Racine naquit en 1639 à La Ferté-Milon, au sein d'une famille de notables locaux sans éclat, fonctionnaires modestes ou gens de loi. Très tôt orphelin, il est recueilli par sa grand-mère maternelle, qui, devenue veuve, l'emmène avec elle à l'abbaye de Port-Royal des Champs. Le petit Racine est autorisé à suivre gratuitement l'enseignement que dispensent les maîtres des " Petites Ecoles " rattachées au monastère.
Il y fait de solides humanités, qui façonnent en lui un goût et une sensibilité littéraires précoces. Ses études terminées, après un an de philosophie au collège d'Harcourt à Paris, le jeune homme s'installe en 1659  dans la capitale,
Jean Racine  écrit des poèmes à la gloire du roi. Il est présenté à la Cour, et s’inscrit dès 1664 sur la liste des gratifications royales. Il élargit le cercle de ses relations, rencontre Boileau et surtout Molière, dont la troupe accepte de jouer La Thébaïde, qui n'a pas grand succès. En revanche, en 1665, Alexandre est une réussite, mais aussi l'occasion d'une brouille retentissante avec Port-Royal, hostile au théâtre, et d'une rupture avec Molière, à qui le jeune auteur retire sans préavis sa pièce pour la porter à la compagnie rivale de l'Hôtel de Bourgogne, dont les acteurs ont la réputation d'être les meilleurs tragédiens du temps.
Dès lors, pendant une dizaine d'années, la vie de l'homme va se confondre avec la carrière prestigieuse et fructueuse d'un écrivain dramatique qui ne cessera plus de voler de succès en succès.
Et puis Racine cesse brusquement d'écrire pour la scène, et il entame une seconde carrière pour ainsi dire, officielle et toute remplie d'honneurs, qui va faire de lui l'un des familiers de Louis XIV. L'écrivain avait été élu à l'Académie française dès 1673. Deux nominations à des postes considérables et enviés, celui d'historiographe du roi et celui de " gentilhomme ordinaire de la Chambre ", ponctuent et parachèvent, en 1677 puis en 1690, la brillante ascension sociale du courtisan. Marié en 1677, père de famille, homme riche, célèbre et estimé du prince, Racine n'a plus rien à désirer des biens de ce monde. Sa plume lui sert désormais à relater les hauts faits du monarque et à entonner sa louange.Il revient tardivement au théâtre, en donnant, à la demande de Mme de Maintenon, que Louis XIV a épousée en secret après la mort de sa première femme, deux pièces bibliques, Esther en 1689, Athalie en 1691, qui marquent un renouvellement de son art et connaissent la même faveur que les tragédies du passé. Les dernières années sont celles d'un chrétien du temps : les valeurs religieuses finissent par l'emporter sur les grandeurs terrestres. Racine, qui s'était réconcilié avec Port-Royal dès 1679, et qui pratiquait assidûment la Bible, meurt en 1699 " avec des sentiments de piété très vifs et très édifiants ". Le défunt est inhumé, selon ses désirs et avec l'autorisation du roi, à Port-Royal, auprès de la tombe de l'un de ses anciens maîtres.

2- Bibliographie :

Jean Racine a surtout écrit des pièces de théâtres parmi lesquelles nous pouvons citer :
La Thébaïde (juin 1664), Alexandre le Grand  (décembre 1665), Andromaque (novembre 1667), Les Plaideurs      (novembre 1668), Britannicus (décembre 1669), Bérénice (novembre 1670), Bajazet (janvier 1672), Mithridate (janvier 1673), Iphigénie (août 1674), Phèdre (janvier 1677), Esther (janvier 1689), Athalie (janvier 1691)

II.                Structure et résumé de la pièce

1-                  Structure

La pièce Phèdre reprend la structure dramatique  du théâtre classique, c’est-à-dire qu’elle respecte les cinq actes, dont une exposition, un nœud et un dénouement tragique, autrement dit la fin par un bain de sang ou la mort. La structure se présente de la manière suivante :
L’acte I  compte 5scènes ; L’acte II compte 6 scènes ; L’acte III compte 6 scènes ; L’acte IV compte 6 scènes ; L’acte V compte 7 scènes

2-                  Résumé:

A Trézène, en Grèce, à une époque fort lointaine, Phèdre, seconde épouse du roi Thésée, est tombée amou­reuse de son beau-fils Hippolyte. Cette passion lui semble si monstrueuse qu'elle se résout à mourir plutôt que d'avouer son amour. Ne pouvant toutefois supporter le cha­grin de sa nourrice Œnone, qui la voit dépérir, elle lui confie l'origine du mal qui la consume. Bientôt circule la rumeur de la mort de Thésée, absent depuis de longs mois. Sa succession au trône ouvre une crise politique. Phèdre consulte Hippolyte; mais, troublée par la présence du jeune homme, elle finit par lui avouer qu'elle l'aime. Hip­polyte s'enfuit, horrifié. Thésée serait vivant, apprend-on aussitôt après. Phèdre mesure I'horreur de sa situation. Et si Hippolyte venait à parler? Œnone lui suggère de prendre les devants et d'accuser Hippolyte de tentative de viol. Phèdre s'in­digne, puis, accablée, laisse Œnone agir à sa guise. Celle-ci le dénonce à Thésée dès son retour. Désespoir et fureur de Thésée. Pour preuve de son inno­cence, Hippolyte lui révèle qu'il aime Aricie. Thésée ne le croit pas. Honteuse et repentante, Phèdre accourt pour lui révéler la vérité. Mais elle apprend par la bouche d'Œnone qu'Hippolyte aime Aricie. Jalouse, elle décide de ne rien dire. Malgré I'intervention d'Aricie, Thésée demande à Nep­tune de punir son fils. 'Œnone se suicide, désespérée de se voir condamnée par Phèdre. Un dragon, surgi de la mer sur ordre de Neptune, tue Hippolyte. Phèdre confesse son crime à Thésée et s'empoisonne.

3.      Résumé de la pièce par actes

Acte I - Hippolyte, fils de Thésée et d’une Amazone (nommée Antiope), annonce à son confident, (nommé Théramène) son intention de quitter la ville de Trézène pour fuir son amour pour Aricie, sœur des Pallantides, un clan ennemi de Thésée. Phèdre, épouse de Thésée, avoue à none, sa nourrice et confidente, la passion qu’elle ressent pour son beau-fils Hippolyte. On annonce la mort de Thésée.

Acte II - Aricie confie à sa servante (nommée Ismène) qu’elle est amoureuse d’Hippolyte ; celui-ci arrive et dévoile ses sentiments. Phèdre vient voir Hippolyte afin de défendre les droits de son jeune fils à la succession de Thésée ; et déclare son amour à Hippolyte qui la rejette.

Acte III - Thésée, qui n’est pas mort, arrive à Trézène et s’étonne de recevoir un accueil si froid : Hippolyte veut fuir sa belle-mère et il envisage d’avouer à Thésée son amour pour Aricie, Phèdre est submergée par sa culpabilité. Elle vole même l’épée d’Hippolyte, ce qui empêchera ce dernier de se défendre moralement durant le dernier acte.

Acte IV - none, qui craint que sa maîtresse ne se donne la mort, déclare à Thésée qu’Hippolyte a tenté de séduire Phèdre. Thésée bannit Hippolyte et prie le dieu Neptune de le tuer. Phèdre veut le faire changer d’avis mais elle apprend qu’Hippolyte aime Aricie. Furieuse d’avoir une rivale, elle renonce à le défendre.

Acte V- Hippolyte part après avoir promis à Aricie de l’épouser hors de la ville. Thésée commence à avoir des doutes sur la culpabilité de son fils, mais la nouvelle de sa mort survient. Phèdre avoue tout à Thésée, après avoir banni none qui s’est ensuite jetée dans les flots; elle a pris auparavant du poison et s’effondre sur scène. Thésée, pour venger son fils et respecter la dernière volonté d’Hippolyte, décide d’adopter Aricie.


III.             Les personnages

1 - Thésée : Thésée est un homme d’âge mûr, déjà écrasé par sa légende, il est le fils d’Égée roi d’Athènes  il succède ce dernier au trône après avoir délivré athénée du Minotaure, il enlève et épouse Anthiope (mère d’Hippolyte). A la mort d’Anthiope il épouse Phèdre. Son fils éprouve, face à lui, un complexe d’infériorité et ne cesse de rêver d’aventures pour se faire un nom comparable. Quand il est absent (début de la pièce), Thésée est sans cesse évoqué : on le cherche(Hippolyte), on évoque ses exploits et son allure(Phèdre), on le craint (Aricie)
2-  Hippolyte : fils de Thésée et d’Anthiope, reine des amazones Il incarne la pureté, la sérénité et la tendresse dans les sentiments Il n’a ni la complexité ni la puissance brisée de son père Dans le mythe grec, Hippolyte est un Athènes sauvage qui  à fait vœu de chasteté Il résiste à l’amour pour Aricie uniquement par crainte de désobéir à son père.
3-  Phèdre : présente dans 12 scènes sur 30, Phèdre est pourtant omniprésent tout au long de l’action C’est une femme jeune, guère plus âgée qu’Hippolyte. Son amour pour son beau-fils est un Inceste au regard des convenances sociales et non d’un point de vue génétique Aussi bien cet amour est –il d’abord désir, attirance physique, comme si Phèdre revivait ce qu’elle avait ressenti, toute jeune femme, en voyant Thésée Phèdre, subissant la fatalité vengeresse des dieux, lutte à armes inégales: elle a beau s’éloigner d’Hippolyte, les circonstances l’obligent à le revoir Dés lors, elle plonge et fait a Hippolyte une déclaration incontrôlée, car elle subit les ravages d’une passion obsessionnelle Elle est la fille de Minos et de Pasiphaé. Elle est habité par des puissances magiques qui la dépassent (fatalité, « vénus toute entière à sa proie attachée »).
4-  Oenone : nourrice et confidente de Phèdre, dévouée corps et âme de Phèdre
5-  Aricie : princesse du sang royal descendante des Pallantides, famille princière qui disputa le trône d’Athènes à leur oncle Égée père de Thésée. Elle est l’amour d’Hippolyte et ses parents furent les ennemis de Thésée Elle a quelques fiertés et elle est la rivale de Phèdre
6-  Théramène : gouverneur d'Hippolyte
7-  Ismène : confidente d'Aricie
8-  Panope : femme de la suite de Phèdre
9-  Gardes : Les gardes s’occupent de la sécurité dans le palais.

IV.             Quelques thèmes développés

1.      L’amour et la passion
Chez Racine, les deux notions occupent une place centrale surtout dans Phèdre. Elles sont associées sous le terme amour-passion. Dans la pièce, Jean Racine fait la part des choses entre l’Amour (sentiment naturel et noble ) et la passion. Quand l’amour est présenté comme une fatalité, comme une crise, il se transforme parfois en passion, en haine qui conduit irrémédiablement au malheur, à la mort car il devient un sentiment incontrôlable.
Dans la pièce, la passion de Phèdre provoquera sa mort et celle de plusieurs personnages.

  1. Le destin
C’est le destin qui provoque la fatalité. Il se manifeste sous le signe de la prédestination. La notion de destin réunit deux thèmes : la puissance divine qui détermine le cours des événements et ensuite l’enchainement des événements eux-mêmes qui s’accélèrent. Le destin se joue sur deux plans : la volonté des dieux et les relations complexes des comportements humains.

  1. Les dieux
L’univers des dieux est intimement lié à celui des humains : les Dieux agissent directement sur la vie des hommes ; ils protègent les humains mais parfois les punissent. Cependant, l’image des dieux est assez négative. Ils sont omniprésents et interviennent dans les conflits opposant les hommes.

  1. La jalousie
C’est la jalousie qui unit les deux faces de la passion : l’amour et la haine. C’est ce qui explique qu’on passe de l’un à l’autre. La jalousie participe à une définition de l’amour ; Jean Racine y voit un instinct de possession propre à la nature humaine. Dans la jalousie c’est l’orgueil qui est blessé et qui demande réparation quitte à tomber dans le crime ou l’immoralité.

V.                Le style

La tragédie était, au XVIIe siècle en France, le genre noble par excellence. C'est un genre codé, qui connut une période de maturité, d'équilibre et d'intégration des règles avec l'œuvre de Racine.
Les règles de la tragédie classique tendent à réaliser la perfection de la création: cette perfection est fondée d'une part sur le principe de la mimésis (imitation de la nature), qui a pour finalité la peinture la plus fidèle du cœur humain. Ainsi pour être plus proche de la réalité Racine respecte la règle des trois unités dans sa pièce :
 - La règle de l'unité de temps exige que le temps de la représentation soit le plus proche possible du temps réel de l'action représentée; elle exige, en tout cas, que la durée réelle de l'action représentée n'excède jamais vingt-quatre heures.
-  La règle de l'unité de lieu découle de la précédente, par souci de vraisemblance, car dans un laps de temps très court, il n'est guère possible de multiplier avec réalisme les lieux de l'action. Dans Phèdre on n’a qu’un seul lieu : le palais.
 -  La règle de l'unité d'action exige que toutes les scènes, tous les gestes et tous les propos échangés par les personnages servent à expliquer, à motiver ou à faire avancer une même et unique action. Chaque détail se trouve alors subordonné à l'ensemble, aucun élément ne doit être gratuit ni dépourvu de conséquence directe sur l'action. Dans la pièce L’action principale reste la passion que Phèdre éprouve pour Hippolyte.

Conclusion


Phèdre vient d’expirer. Avec elle s’est éteinte la «  flamme funeste »  de la passion malheureuse et meurtrière. Le jour retrouve toute sa pureté. Ce retour à la lumière symbolise peut-être la victoire du Bien sur le Mal et en tous les cas celle du normal sur le monstrueux. Tout peut désormais rentrer dans l’ordre de la morale. Bien que l’action s’achève par trois morts, la fin de l’œuvre ne se ferme pas sur le malheur. Les dernières paroles de Thésée sont porteuses d’espoir : sa réconciliation avec Aricie est une promesse de justice dans un apaisement retrouvé. Quant à nous, nous quittons des personnages qui, jusqu’à la fin, nous auront donné à réfléchir sur la condition humaine. Ils nous ont fascinés par leurs dimensions fabuleuses et touchés par leur humanité.

sources pour la bibliographie
www.pensees-ecrites.net/auteurs-et-biographies/jean-racine

Etude de La tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire

La tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire

Introduction

L’une des pièces de théâtre historique les plus lus et plus joués, La tragédie du roi Christophe est l’œuvre qui a surtout été compris par le peuple noir. Cette pièce mise en scène par Serreau a été jouée lors du festival des arts nègres à Dakar en 1966. Publiée en 1963, cette pièce de théâtre n'en finit pas de faire sensation. C’est que son action retrace la lutte des noirs pour leur liberté et leur indépendance, mais aussi le destin des pays noirs transparaît à travers le devenir de l’action du roi Christophe qui résume les nouveaux dirigeants de ces nouveaux pays. Cette étude que nous proposons s’articulera autour des axes suivants : La vie et l’œuvre du dramaturge, le résumé de la pièce, la structure, les personnages, les thèmes et la dramaturgie de Césaire.

I.                   Biographie et bibliographie

1. La biographie

Issu d’une famille modeste de Fort-de-France, écrivain et homme d’action, Aimé Césaire est né le 26 juin 1913, à Basse-Pointe au nord de la Martinique et fait partie d’une famille de sept enfants. Son père est enseignant et sa mère une couturière A l’âge de six ans, il entre à l’école primaire. Après une bonne scolarité au lycée de sa ville natale, Aimé Césaire obtient une bourse afin de poursuivre ses études à Paris au lycée Louis-le-Grand.
1932-1933, Césaire entre à hypokhâgne à Louis-le-Grand, où il fait la connaissance de Ousmane Socé, puis de Léopold Sédar Senghor.
Césaire réussit au concours d’entrée à l’ENS en 1935. Il voyage en Martinique et commence à écrire le Cahier. En 1937 Césaire épouse Mlle Roussy. 1937 voit la naissance de son premier enfant et il vient de terminer le Cahier qu’il publiera en 1939 dans la revue Volontés.
Césaire et sa femme Suzanne Césaire sont affectés comme professeurs au lycée Victor –Schoelcher de Fort-de-France. Césaire est élu député-maire de la ville sous les couleurs du Parti Communiste Français (PCF) qu’il quittera en 1956 et adresse à l’occasion une lettre à Maurice Thorez. Il renonce à la députation en 1993. Il quitte la politique sans la quittant carrément, il soutient la candidature de Ségolène Royal à l’élection présidentielle de 2007. Le 9 avril il est hospitalisé et il décède le 17 avril 2008 à Fort-de-France

2. La bibliographie

Ecrivain prolixe, Césaire publie plusieurs ouvrages :
Les armes miraculeuses, (poésie), 1946 ; Soleil cou coupé, (poésie), 1948 ; Corps perdu, (poésie), 1949 ; Discours sur le colonialisme, (essai), 1955 ; Lettres à Maurice Thorez, 1956 ; Et les chiens se taisaient, (poésie puis théâtre), 1956 ; Ferrements, (poésie), 1960 ; Cadastre, (poésie), 1961 ; Toussaint Louverture, (historique), 1962 ; La tragédie du roi Christophe, (théâtre), 1963 ; Une saison au Congo, (1967) ; Une tempête, (théâtre), 1969 ; Œuvres complètes, 1976 ; Moi, laminaire…, 1982.

II. Le résumé de la pièce

La pièce est précédée d’un prologue mettant en scène un combat de coqs, l’un surnommé Christophe, l’autre Pétion. Sinon l’action débute avec la visite de Pétion envoyé par le Sénat proposer à Christophe la présidence. Celui-ci refuse flairant le complot pour l’écarter du pouvoir en lui offrant un pouvoir vide. Ainsi se révolte-t-il contre les mulâtres et se proclame roi d’Haïti. Dès lors le pays est divisé entre les partisans de Christophe dont son secrétaire Vastey et ceux qui s’allient avec la puissance coloniale. Il s’en suivit la cérémonie de couronnement célébrée par l’archevêque Corneille Brelle, puis la prestation de serment du roi. Il maîtrise la rébellion dirigée par Metellus. Contre Pétion, il propose la réunification de l’Etat, mais le Sénat complote derrière son dos. Christophe décide de la construction d’une Citadelle, symbole de la puissance d’Haïti et force le peuple au travail. Il fait exécuter un paysan qui ne travaille pas et emploie les filles au travail de construction. Ne supportant pas ces excès, Corneille Brelle demande le repos pendant que Hugonin organise un mariage collectif pour éviter la débauche. Christophe donne l’ordre de supprimer l’archevêque. Mais au cours de la messe de l’Assomption, Christophe est paralysé par le spectre de Corneille Brelle. Il commence à prendre conscience et rêve d’une dernière victoire et se prépare à se suicider. Après sa mort, sa femme, un page africain et Vastey disent sa grande destinée.

III. La structure de la pièce

La structure de la pièce en trois actes facilite la compréhension de la progression de l’action. En gros chaque acte est centré sur le héros Christophe. Ainsi on a la structure suivante.

Acte I : La conquête du pouvoir et le couronnement de Christophe. Dans cette partie, Christophe s’oppose à Pétion qui est mandaté par le Sénat pour écarter Christophe du pouvoir. Ce dernier non seulement refuse mais fait une sécession et se proclame le roi d’Haïti. Il organise son couronnement, par une fête.

Acte II : Après son couronnent, ce fut la guerre civile. Une bonne partie du peuple est contre le roi Christophe, notamment les bourgeois, certains paysans, ses propres généraux le trahissent sans compter la puissance extérieure.

Acte III : Malgré les avertissements surtout de sa femme, Christophe s’entête à mener le pays avec une main de fer, et sa tyrannie, ses travaux forcés et sa démesure achève son règne, au moment où pourtant il commençait à faire sa prise de conscience.

IV. Les personnages

1. Le héros : Henri Christophe

Christophe est un ancien cuisinier, puis général devenu le roi d’Haïti. Cette ascension montre déjà son destin exceptionnel, mais aussi tragique, puisqu’il lutte pour la liberté et l’indépendance de son peuple. Il est un roi excessif et autoritaire, qu’il explique par le travail pour arriver au niveau des autres, « je demande trop aux hommes mais pas assez aux nègres », dira-t-il. Dans son projet de faire oublier le passé d’esclavage et de créer un avenir meilleur, il oblige, comme un tyran, le peuple à travailler dure, jusqu’à même tuer les fainéants. Ses excès sont jugés cruels par le peuple qu’il veut libérer par le travail, car pour lui il n’y a point de fatigue donc pas de repos ni de congé. Pour unifier l’Etat, il s’attaque au siège de Pétion à Port-au-Prince. Toutefois il va prendre conscience de son action un peu trop tard, et son échec sera synonyme de sa mort. Aussi dit-il à la fin, « j’ai voulu forcer l’énigme de ce peuple à la traîne » (p. 140)

2. Les adjuvants du roi Christophe

Vastey : Il est le secrétaire du roi, et plus acquis à sa cause, à son idéal. Il comprend bien son roi et ses projets, et par conséquent les défend devant ses rivaux. Il dirige en fait la politique de Christophe, car c’est lui essaie de convaincre le peuple de la façon à agir pour régler les problème du pays. Cependant malgré son intelligence à prévoir les problèmes, il ne s’est pas opposé à Christophe pour infléchir ses décisions par de sages conseils.

Hugonin : Dans la pièce de théâtre, il est caractérisé comme « un mélange de parasite, de bouffon et d’argent politique » qui accompagne toujours le roi. Il occupe le rôle de courtisan qu’on connaît dans le théâtre classique. C’est lui qui, dans le marché, divertit le peuple par ses chansons et ses commentaires. Dès fois très grotesque, il parvient à détendre par des plaisanteries une atmosphère un peu tragique. Mais derrière ce masque de bouffon se cache un sage capable de dire la vérité et émettre une critique sans blesser le roi. Aussi ramène-t-il le roi Christophe à la raison en lui disant que « les peuples vont de leur pas, Majesté » (Acte III, scène 6). Il transforma parfois donc la scène en une petite comédie, et instruit en faisant rire.

Madame Christophe : Elle était une servante à l’auberge de la couronne (Acte 1, scène 7). C’est un personnage simple, humble et très lucide. Elle averti son mari de sa démesure et le refrène durant ses moments d’aveuglement. Patiente épouse, elle assiste son mari jusqu’à sa mort.

Chanlatte : Il est le poète national.

3. Les opposants du roi.

Pétion : Il est mulâtre et c’est lui qui essaie de tromper Christophe en lui offrant un pouvoir « sans croûte ni mie ». Il est envoyé par le sénat et il veut surtout le pouvoir et s’allier au roi français Louis XVIII. Bon parleur, il défend la cause des mulâtres. Cependant ses manœuvres machiavéliques vont se retourner contre lui, et il est remplacé par Boyer.

Métellus : Il est un guerrier accompli. Même s’il est contre Christophe, il n’est pas avec Pétion. Il était le compagnon de lutte de Toussaint Louverture et est prêt à donner sa vie pour l’unité de la nation. Il est sur le plan héroïque le double de Christophe.

Corneille Brelle puis Juan de Dios Gonzales : Ils représentent la religion et l’église catholique. Ce sont des Blancs. Corneille Brelle revendique le droit de repos et le roi le soupçonne d’être un allié des Blancs pour déstabiliser son régime. D’ailleurs c’est son spectre qui va frapper le roi Christophe. Aussi est-il remplacé lors de la cérémonie de couronnement. Le second, avec ce nom d’origine espagnole est une sorte de parasite et n’inspire pas confiance non plus

Les autres personnages
Le duc de la Limonade, le duc de Dondon, le duc de Sale-Trou, le duc de Plaisance, Magny… A travers le nom exotique de la France métropolitaine, se cache une volonté de critiquer la puissance occidentale. Ils seront les premiers à trahir le roi.

VI. Le style de Césaire
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L’espace dans cette pièce de théâtre n’est pas unique : On a le marché du Cap, le palais, la cathédrale du Cap, le champ de bataille, devant Port-au-Prince, au Sénat, dans un salon bourgeois, etc. Ces indications de lieux précises créent en quelque sorte la vraisemblance. Et le roi parcours presque tous les lieux, ce qui fait que la scène est très mobile
Césaire exploite le prologue avec un début qui met en scène un combat de coqs. Ainsi il annonce, voire résume le ressort de la pièce. Mais à l’intérieur de la pièce les péripéties sont entrecoupées de divers types théâtraux parmi lesquels on peut citer :
- le vaudeville : le vaudeville est une comédie légère dont l'intrigue repose essentiellement sur le quiproquo ou malentendu, le rebondissement et les situations grivoises, grossières. Hugonin est l’acteur accompli de ce vaudeville. Durant la fête, la plaisanterie en offre des exemples : « Dis donc la belle, ce n’est pas du rapadou que je veux, c’est de toi, doudou ! Pas de tassau ! Te donner l’assaut, ma doudou ! »
- le ballet : C’est une chorégraphie réalisée par une troupe de danseurs. On a le ballet durant la fête de couronnement du roi Christophe.
Le dramaturge réalise ici un théâtre total en exploitant à la fois la musique, le chant et la danse.

Conclusion


La tragédie du roi Christophe est devenue un classique du genre. Ne respectant pas les règles de la tragédie classique, elle est surtout un mélange des techniques modernes et anciennes de théâtre, et on pourrait même dire qu’elle est un drame africain, tellement il est original et s’écarte des théâtres occidentaux. Le comique et le tragique s’annule, le vaudeville s’y exprime, l’histoire est le fil d’Ariane qui mène de bout à bout l’action, et la musique, le chant et la danse sous forme de ballet fait de cette pièce un théâtre total, un théâtre africain.

L’amour dans Une si longue lettre de Mariama Ba

L’amour dans Une si longue lettre de Mariama Ba

Introduction

La raison de la lettre de Ramatoulaye est d’abord et avant tout les histoires d’amour, de deux amies déçues et trahies par leurs maris, qui se rappellent leur passé en s’écrivant des lettres. Le roman est donc très sentimental. Voilà pourquoi on peut lire le livre et entrer dans une colère : les hommes parce qu’on s’attaque à eux sans pitié, les femmes, puisqu’elles sont les jouets des hommes, du sexe fort comme on les surnomme dès fois.
De telles lectures risquent de nous cacher l’essentiel qui est un enseignement sur les différentes relations sentimentales. Le thème de notre exposé est l’amour ; mais la narratrice en parle à chaque fois qu’elle utilise les noms : passion, affection, attachement, ardeur, flamme ; et les verbes : aimer, adorer, chérir, estimer, affectionner, etc.
Ces mots renseignent sur le contenu de l’amour : le mot « amour » est trop utilisé, il sort de toutes les bouches si bien qu’il peut désigner n’importe quoi. Aussi d’autres mots sont devenus plus précis. Le terme « Passion » est plus fort, quand on aime une copine ou un copain, une épouse ou un mari par exemple. « Affection » renvoie à l’amour pour un parent proche (père, mère, fils, fille, nièce, cousine, grand-mère, grand-père...) ou un ami, une amie, un camarade, etc. le mot « flamme » veut insister sur la force de l’amour qui peut faire le malheur des personnes qui aiment. Quant au verbe « estimer », il est proche du respect, et « adorer » rapproche l’être aimé à une divinité (à Dieu). Notre exposé commence par des interrogations sur l’amour, puis nous verrons les problèmes que pose l’amour.

1. Qu’est-ce que l’amour ?
L'amour désigne un sentiment d'affection et d'attachement envers un être ou une chose qui pousse ceux qui le ressentent à rechercher une proximité par le corps, l’esprit et/ou le cœur.
On parle d’amour conjugal, d’amour filial, d’amour fraternel, d’amour maternel ou paternel, etc. Et on retrouve toutes ces amours dans le texte.

2. Qu’est-ce que l’amour selon les femmes du roman ?

Selon Aïssatou, la polygamie n'est établie que pour satisfaire la bestialité du sexe masculin. Lisons sa lettre de rupture expédiée à son mari : « Si tu veux procréer sans aimer, rien que pour assouvir l'orgueil d'une mère déclinante, je te trouve vil. Dès lors, tu dégringoles de l'échelon (page 90) supérieur de la respectabilité où je t'ai toujours hissé ».
Révoltée comme elle est devenue, elle ne peut pas comprendre comment il est possible pour un homme d'aimer plus d'une femme à la fois. La polygamie pour elle n'est en fait qu'un alibi pour l'homme qui cherche à donner libre cours à ses instincts sexuels et à « légitimer » son infidélité envers sa femme. Lisons comment elle répond à Tamsir :
« Tu oublies que j'ai un cœur, une raison, que je ne suis pas un objet que l'on se passe de main à main. Tu ignores ce que le mariage signifie pour moi : c'est un acte de foi et d'amour, un don total de soi à l'être qu'on a choisi et qui vous a choisi. (....)
Et tes femmes, Tamsir ? Ton revenu ne couvre ni leurs besoins ni ceux de tes dizaines d'enfants... Je ne serai jamais le complément de ta collection ». (Page 94)

3. L’amour vrai existe-t-il dans le roman ?

La rencontre avec Modou Fall (chapitre 6) et celle de la vie à ses côtés (chapitre 9) prouvent qu’entre Ramatoulaye et ce dernier, il s’agissait d’un mariage d’amour, contre l’avis leurs mères à tous les deux.
Relevons quelques exemples qui le certifient : « tu connais ma sensibilité, l’immense amour que je vouais à Modou » (p.82) « la saveur de la vie c’est l’amour. Le sel de la vie, c’est l’amour encore » (p.94)
Voici ce que Ramatoulaye affirme : « le mot « aimer » avait une résonance particulière » (p.28). Malgré le comportement de Modou, Ramatoulaye n’a jamais cessé de l’aimer, car dit-elle «  (…) je reste fidèle à l’amour de ma jeunesse. Aïssatou, je pleure Modou et je n’y peux rien » (p.83)
Le vrai amour étant l’expression de sentiments libres entre deux personnes nul ne devrait se marier sous une quelconque condition, imposée par les parents fut-il.
Un seul homme offre ici l’espoir de disposer de cet amour, c’est Daouda Dieng. « Je viens pour la deuxième fois te demander ta main… j’ai pour toi les mêmes sentiments. L’éloignement de ton mariage, le mien n’ont pu saper mon amour pour toi, je t’aime avec une puissance… Je t’ouvre les bras pour un nouveau bonheur, veux-tu ?»
Il y a aussi le jeune Ibrahima qui, malgré son erreur, donne des signes d’espoir pour le bonheur de sa fille.

4. L’amour : une valeur

D’abord on peut croire que pour certains personnages, l’amour se résume à la sexualité. Là, c’est encore la narratrice qui s’explique : « [...] Tu veux dissocier l’amour tout court et l’amour physique. Je te rétorque que la communion charnelle ne peut être sans l’acceptation du cœur, si minime soit-elle. »
Mais on voit aussi que la femme est considérée parfois comme un objet : Binetou a été utilisée par sa mère comme objet vendu à Modou. Celui-ci réglait tous leurs problèmes financiers. Cela pose le problème du mariage par intérêt. « Sa mère était une femme qui veut tellement sortir de sa condition médiocre », dit –elle.

5. De l’amour à la haine

Quand l’amour commence, suivi du mariage, il y a une sorte de contrat d’amour qu’on pas le droit de briser sans un accord entre les conjoints. D’ailleurs, du point de Jacqueline, c’est-à-dire de la chrétienne, l’union est pour la vie. Voilà pourquoi elle est une victime des effets de l’amour. Alors, ce qu’ont fait Modou, Mawdo et Samba Diack est une trahison.
« Et dire que j’ai aimé cet homme, dire que je lui ai consacré trente ans de ma vie, dire que j’ai porté douze fois son enfant. L’adjonction d’une rivale à ma vie ne lui a pas suffi. En aimant une autre, il a brûlé son passé moralement et matériellement, il a osé pareil reniement… et pourtant. Et pourtant que n’a-t-il fait pour que je devienne sa femme ! »
Une autre trahison, si on peut dire, c’est celle que Aïssatou, l’amie de la narratrice a vécue. Contre la tradition, elle a épousé par amour Mawdo Bâ, mais la mère de celui-ci lui a imposé comme co-épouse la petite Nabou, descendante de princesse, qu’elle a élevée et, pour ainsi dire « dressée », pour son fils.
 « Modou mesurait-il à son exorbitante proposition le vide de sa place, dans cette maison ? Modou me donnait-il des forces supérieures aux miennes pour épauler mes enfants » (p.78).
« Attendre ! Mais attendre quoi ! je n’étais pas divorcée (…) j’étais abandonnée » (p.79)
Ramatoulaye enrage, étouffée par la jalousie, elle qui partageait jusque là avec Modou Fall trente années d’union et douze enfants.
Par ailleurs, Ramatoulaye est parfois étouffée par la jalousie, elle qui partageait jusque-là avec Modou Fall trente années d’union et douze enfants.

6. L’autre amour

Est-ce que, en rejetant leur mère, le mari peut-il toujours affirmer qu’il aime vraiment ses enfants ? La tradition ouolof dit que « celui qui aime la mère affectionne les enfants de cette dernière ». Modou n’est-il pas en train de se séparer de ses enfants ? Ne les a-t-il pas abandonnés en délaissant leur mère ? En tout cas cela pose un problème vrai envers ses enfants qui le rejettent, à commencer par Daba. « Je survivais. Plus je réfléchissais, plus je savais gré à Modou d’avoir coupé tout contact. J’avais la solution souhaitée par mes enfants – La rupture – (…) », dit-elle (p.77).
Ramatoulaye détourne son amour sur ses enfants et, par ailleurs sur son travail. Son métier d’enseignante la passionne et elle le vit comme une mission émancipatrice. Elle fait exprimer ainsi son amour maternel.

Conclusion

On vient de le voir, le thème du mariage occupe depuis très longtemps une place assez importante. Dans une si longue lettre, il se pose le problème du mariage par amour ou par autre chose. Les hommes pour satisfaire leurs appétits, des femmes comme Binetou pour un curieux commerce.
L’amour ne peut être une mauvaise chose. « Dieu est amour », dit-on. Il faut s’aimer soi-même, et aimer les autres, et aimer ce que l’on fait, notre métier. Là se trouve notre bonheur. La femme ne demande qu'à être aimée. La femme rend l'amour qu'on lui porte.
C’est comme si les couples voient leur « amour-fou » qui s’est transformé en « amour-flou ». Ramatoulaye devient un cœur vidé d’amour et avide d’amour.

Platon a écrit « L'amour est aveugle. »